Île-de-France : Ségrégation sociale croissante09/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1797.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Île-de-France : Ségrégation sociale croissante

À l'heure des nouvelles décentralisations voulues par le gouvernement Chirac-Raffarin, l'Iaurif (Institut d'Aménagement et d'Urbanisme de la Région d'IDF) et l'Insee viennent de publier une étude publique sur les modes de vie des Franciliens. S'appuyant sur divers organismes officiels et le dernier recensement de 1999, elle montre que les disparités s'accentuent en région parisienne entre territoires riches et pauvres.

En effet, malgré l'augmentation des richesses, les prétendues péréquations et les multiples opérations médiatiques d'aide aux politiques de la ville, les populations des quartiers et communes pauvres continuent de s'enfoncer dans la misère : concentrant de plus en plus de travailleurs pauvres et immigrés, de chômeurs, d'exclus et précaires, de Rmistes, de familles monoparentales, de retraités avec peu de ressources. En 15 ans, par exemple, les revenus moyens des ménages de Paris ont augmenté de 23 % en moyenne, alors que ceux de la Seine-Saint-Denis ont reculé de 6 % !

Ces populations paupérisées se concentrent en Île-de-France, majoritairement dans les communes du nord des Hauts-de-Seine, dans presque toutes celles de la Seine-Saint-Denis, touchent les trois arrondissements du nord-est de Paris et le Val-de-Marne, dans les communes en amont de la Seine. Les revenus de la plupart de ces communes ont reculé, jusqu'à 15 % pour certaines (comme La Courneuve, Aubervilliers, Garges, Sarcelles, etc).

La moitié des 172 000 Rmistes (310 000 personnes avec les familles) d'Île-de-France vivent dans le nord-est de Paris et la Seine-Saint-Denis, et la moitié des habitants de ce dernier département vivent avec les prestations sociales.

La décentralisation préparée par le gouvernement va accentuer ces disparités entre les villes riches et les villes pauvres en transférant encore plus de charges aux collectivités locales. Cela se traduira pour les habitants des communes pauvres par plus d'impôts locaux, pour ceux pouvant les payer, et par moins de services publics pour tous à cause du désengagement de l'État de ces services.

La ségrégation territoriale et l'apartheid social vont donc augmenter encore alors que seule l'intervention centrale de l'État pourrait inverser cette évolution, en transférant vers ces communes véritablement sinistrées les moyens nécessaires. Mais ce n'est pas l'intention des gouvernements, actuel ou passé.

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