Délit d'initié : Un homme d'affaires condamné... les affaires continuent09/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1797.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Délit d'initié : Un homme d'affaires condamné... les affaires continuent

La plus-value réalisée à la suite de l'achat des titres de la Société Générale, banque qui a été privatisée en 1988, se serait élevée à 2,2 millions d'euros. C'est à une amende d'un montant équivalent à cette somme que le spéculateur Georges Soros a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris à la veille des fêtes. Il aurait bénéficié " d'informations privilégiées " concernant la cession des titres de la Société Générale. L'ancien directeur de cabinet de Pierre Bérégovoy, le Premier ministre socialiste de l'époque, aurait été l'un des informateurs. C'est ce qu'on appelle couramment un délit d'initié, susceptible de poursuite et de condamnation en justice.

La justice, elle, s'est résignée à ne constater qu'" une coïncidence étonnante " entre les dates d'achat des titres de la Société Générale et les rencontres entre Soros et les initiateurs de ce " raid " boursier. Faute de preuves suffisantes, les informateurs ont donc tous été relaxés. Seul l'" informé ", Soros, a été condamné. Il a d'ailleurs reconnu devant le tribunal avoir été informé des projets de mise en vente de la Société Générale, et avoir été invité à participer au festin boursier que permettait l'opération. Il a plaidé la bonne foi, expliquant qu'il n'y avait rien de répréhensible dans son attitude. En effet, il s'agit du fonctionnement habituel et quotidien de ce que l'on appelle les affaires où se mêlent rumeurs, fuites et informations confidentielles entre gens du même monde de la finance, du gouvernement et de la haute administration de l'État, à la fois serviteurs et bénéficiaires de ce système.

Ce prédateur financier de haut vol, orfèvre en la matière, a effectivement raison. C'est bien de cette façon que leur système fonctionne, sur la base des rumeurs, vraies, fausses et parfois sciemment fabriquées. Ce n'est pas un hasard si le vocabulaire du milieu boursier emprunte à celui de la chasse, de la guerre ou du milieu. On y parle volontiers de " raid ", de " coup ", de " prédateur ".

La Bourse se fixe des règles qui vont contre sa propre logique qui veut qu'il y ait des trompés, et donc des trompeurs, des " initiés " et des bernés. Et c'est ce système qu'on nous présente comme un modèle d'efficacité économique !

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