Daewoo (Meurthe-et-Moselle) : Les travailleurs exigent des garanties09/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1797.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Daewoo (Meurthe-et-Moselle) : Les travailleurs exigent des garanties

Sur les trois usines lorraines de Daewoo, deux ont fermé leurs portes. A Villers-la-Montagne, où 229 travailleurs fabriquaient des micro-ondes, l'usine réputée pourtant rentable a fermé fin novembre. À Fameck, 170 travailleurs ont produit leur dernier téléviseur le 7 janvier dernier, et ils ne sont même pas sûrs de toucher leurs indemnités de licenciement. Reste la plus grosse celle de Mont-Saint-Martin, près de Longwy où 550 travailleurs fabriquent des tubes cathodiques pour téléviseurs : elle menace de fermer à son tour.

Depuis le 20 décembre, les ouvriers de Mont-Saint-Martin multiplient donc occupations et actions de toutes sortes. Ce jour-là, on apprenait que le groupe Daewoo n'avait pas renouvelé sa garantie bancaire pour cette usine, entraînant des saisies sur ses comptes de la part de l'URSSAF et de la Société Générale (à qui Daewoo devait respectivement 3,5 et 20 millions d'euros), avec la menace d'une liquidation pure et simple du site.

Samedi 4 janvier, une assemblée générale houleuse a décidé, contre l'avis de la CFDT mais avec l'appui de la CGT et de FO, de durcir le mouvement et de poser un ultimatum : des produits chimiques seraient déversés dans la rivière si, mercredi 8 janvier au soir, les travailleurs n'obtenaient pas de garanties des pouvoirs publics en cas de liquidation de l'usine. L'Union locale CFDT a publiquement dénoncé cet ultimatum comme " s'apparentant à du terrorisme ". Mais comme le faisait remarquer une responsable CGT " les vrais terroristes sont les patrons qui liquident les emplois. "

Le 9 janvier, une grande manifestation était prévue au tribunal qui devait décider de la poursuite, ou pas, de l'activité de l'entreprise. À l'heure où nous écrivions, la décision du tribunal n'était pas connue mais personne ne croit plus que l'usine va durer bien longtemps.

Depuis la mise en service de celle-ci, il y a six ans, Daewoo prétend que Mont-Saint-Martin est déficitaire. Même si le carnet de commandes a toujours été plein. Même si chaque mois de nouveaux records de production ont été battus. En fait, Daewoo a décidé de fermer toutes ses usines en Lorraine... après avoir empoché 450 millions de francs d'aides publiques, dont 230 rien que pour le site de Mont-Saint-Martin. Ce pactole représente 420 000 F par salarié et fait dire à la responsable de l'Union locale CGT de Longwy citée par Libération " si l'État et les élus ont bien su trouver les fonds publics pour faire venir Daewoo en Lorraine, qu'ils se débrouillent pour aider les salariés sur le carreau. "

Décidés et déterminés, les travailleurs ne veulent pas se retrouver licenciés sans rien : il faut au minimum deux ans d'ancienneté pour prétendre à de dérisoires indemnités légales, et une bonne partie du personnel ne les a même pas dans cette usine jeune. C'est dire que tout le monde risque, en cas de fermeture, de se retrouver à la porte avec rien, dans une région déjà sinistrée.

Le ministère du Travail lui-même, dans une note interne publiée par la presse locale, dit redouter une " explosion sociale " en cas de fermeture de Mont-Saint-Martin. Les pouvoirs publics ont réussi à aider Daewoo à fermer ses deux autres usines, mais là, la partie n'est pas jouée car les travailleurs y sont plus nombreux et aussi plus déterminés. Un médiateur a été nommé, mais il lui faudra davantage que de bonnes paroles pour calmer la colère des ouvriers de Mont-Saint-Martin, dans un bassin de Longwy encore imprégné d'une riche tradition de luttes, marquée par les émeutes de 1979 et 1984 lors des licenciements dans la sidérurgie.

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