Le traitement des ordures : Un pactole pour Vivendi, Suez et compagnie02/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1796.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Le traitement des ordures : Un pactole pour Vivendi, Suez et compagnie

En 2002, la loi de 1992 sur la mise en décharge des déchets ménagers arrive à échéance. Plus question de mettre n'importe quelles ordures dans les décharges, cette loi complétée depuis par d'autres et des décrets impose le traitement et le recyclage des ordures, l'incinération et la mise en décharge du reste. Les décharges sauvages auraient dû disparaître mais, même si leur nombre a fortement diminué, il en reste quelques-unes dont la plus célèbre est celle de Crau près de Marseille que la municipalité utilise toujours.

Cette politique a eu un coût. Face à l'ampleur des dépenses, malgré les aides venant d'organismes d'État ou de la région, les municipalités ou leurs regroupements ont pour la plupart introduit une nouvelle taxe spécifique sur les impôts fonciers ou les ont beaucoup augmentés.

Les choix des communes et de ces regroupements ont fortement pesé sur la facture qui, en grande partie, repose sur les contribuables.

En effet, comme pour le marché de l'eau, les communes se sont souvent adressées à des entreprises privées pour traiter, collecter leurs ordures, comme Vivendi au travers de sa filiale Vivendi Environnement ou encore Suez au travers de Sita. Ces groupes sont présents depuis longtemps dans ce secteur mais leur développement a été sans précédent ces dernières années, d'autant que ce marché n'a cessé d'augmenter pour faire face à l'augmentation des déchets et aux nouvelles normes de traitements. Ces entreprises ont donc bénéficié d'un pont d'or ! Peu nombreuses, elles se sont partagé le marché à des prix nettement supérieurs aux prévisions. En 1993, Vivendi Environnement prenait en charge 61 % du total du traitement des ordures ménagères d'Ile-de-France. Sita en 2001 gérait les déchets de 9 millions d'habitants en France. Ces entreprises se portent bien. Vivendi, Suez, Séché annonçaient pour 2001 des augmentations de leur chiffre d'affaires entre 12 et 13 %.

Le mécanisme des aides publiques ne profite qu'en partie aux collectivités publiques. L'Ademe, organisme qui aide au financement des dépenses des collectivités locales, aide aussi les industriels qui veulent, disent-ils, innover... leur système de traitement des déchets. C'est le cas des fonds récoltés par Eco Emballage ou Adelphe qui participent à la mise en place du tri sélectif. Ces deux organismes perçoivent une taxe auprès des fabricants et distributeurs d'emballage. Cette taxe avait deux fonctions : inciter à limiter les emballages et leur toxicité et répondre à la logique de pollueurs-payeurs. En fait, cette taxe est trop faible pour être contraignante pour les entreprises et les déchets dus aux emballages sont toujours en augmentation. Mais de plus, ces organismes servent de vache à lait à des entreprises de recyclage. Par exemple, cinq d'entre elles, une pour chaque produit recyclé, sont en liaison avec Eco Emballage qui leur fournit des marchés. Eco Emballage passe des conventions avec les communes en les aidant financièrement et techniquement à la mise en place du tri sélectif et en leur garantissant la reprise des déchets triés. Pour le plastique, c'est Valorplast qui le récupère pour le recycler. Cela a représenté pour l'année 2001, 106 000 tonnes de plastique récupéré gratuitement auprès des communes en relation avec Eco Emballage, et revendu à des prix de l'ordre de 65 euros la tonne.

Le tri des ordures, leur traitement devraient être un service public. Ce qui signifie que ces tâches ne puissent devenir une source de profits et que les investissements nécessaires soient répartis sur les industriels qui fabriquent les emballages et qui engendrent les ordures.

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