EDF-GDF : Pour défendre leurs retraites et s'opposer à la privatisation, les salariés doivent répondre " non " à la consultation du 9 janvier.02/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1796.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

EDF-GDF : Pour défendre leurs retraites et s'opposer à la privatisation, les salariés doivent répondre " non " à la consultation du 9 janvier.

Le jeudi 9 janvier, à l'échelle nationale, l'ensemble des 280 000 employés d'EDF-GDF, actifs et retraités, est appelé à répondre à la consultation sur le projet d'accord syndicats-direction baptisé " relevé de conclusions ".

Trois fédérations syndicales ont déjà signé : la CGC et la CFDT, puis la CFTC. La CGT qui voulait signer le 20 décembre, la date demandée par la direction et le gouvernement, n'a pu le faire à cause de l'opposition de ses syndiqués et d'une bonne partie du personnel. Or la CGT, à elle seule, a la majorité absolue.

Quant à FO, elle a refusé de prendre part aux négociations, et Sud-Energie, n'étant pas reconnue, n'y avait pas accès, et est opposée à l'accord.

Un projet d'accord inacceptable

Le projet d'accord est une trahison des intérêts des travailleurs. Un " bon compromis " ? Non, ce texte sacrifie les retraites. Il prévoit la création d'une caisse autonome, comme le réclament les directions d'EDF et GDF, laquelle ferait cotiser davantage les salariés (autour de 12 % contre 7,85 % aujourd'hui). Ce projet prévoit que les retraites pourront être renégociées dans le cadre des prochaines négociations Fillon, ce qui signifie le passage à 40 annuités de cotisations, au lieu de 37,5 années, comme pour l'ensemble de la Fonction publique. En outre le montant des retraites pourrait être calculé sur la base des vingt-cinq dernières années, et non sur la dernière année comme actuellement.

Et puis, la direction l'a dit clairement, cette caisse de retraite étant un préalable à l'ouverture du capital, ouvrirait donc la voie à la privatisation.

Projet désastreux, donc. Le fait que les dirigeants syndicaux l'ont accepté, montre qu'ils sont d'avance résignés à l'ouverture du capital d'EDF-GDF, et qu'ils sont prêts à un recul général au cours des négociations avec le gouvernement sur les retraites.

Dans un premier temps une grande partie du personnel s'est laissé abuser, beaucoup de travailleurs faisaient confiance à la direction de la CGT qui avait appelé, avec l'ensemble des autres syndicats, à la journée du 3 octobre, qui fut un large succès.

Et puis, après maintes discussions, nombre d'électriciens et gaziers, dans la région parisienne tout au moins, ont basculé.

Dans certains endroits, en province, les opposants seraient nombreux. Mais il y a aussi des régions tenues en main par la tendance pro-signature de la fédération CGT, où le personnel n'a jusqu'à présent eu accès qu'au texte du projet d'accord. Ils en sont là où en étaient les agents de la région parisienne il y a trois semaines, hésitants, ne voyant pas très bien ce qui ne va pas dans ce projet.

C'est parce que le temps joue contre les partisans de la signature que ces derniers voulaient qu'elle ait lieu le 20 décembre. La tendance pro-signature veut faire passer l'accord à tout prix, d'où une nouvelle date précipitée, le 9 janvier. Ses partisans espèrent faire entériner ce texte par la majorité du personnel. Et pour cela des manoeuvres ont commencé.

Une consultation qui ne sera pas démocratique

En premier lieu, la consultation s'adressera aux actifs et aux retraités. Le problème c'est que les retraités actuels n'ont rien à perdre dans ce projet. Au contraire même, ils auraient quelques miettes à y gagner. Tandis que les actifs, futurs retraités, eux, ont tout à y perdre. Il ne serait donc pas normal que ce soit les retraités qui imposent leur point de vue aux actifs.

Il y a à peu près 140 000 actifs et autant de retraités. Ces derniers ont donc un " poids électoral " important. Les retraités voteront par correspondance, et seulement de cette façon. Ils n'auront pas le droit de se déplacer jusqu'à un centre EDF-GDF, comme ils le font en d'autres circonstances. En revanche pour les actifs, le vote par correspondance... n'est pas prévu, au motif qu'il ne serait pas possible de comptabiliser ces votes ! Avec les 35 heures et les 32 heures (et les maladies), il y a chaque jour une partie importante du personnel qui n'est pas là. Ceux qui seront absents le 9 janvier ne pourront pas voter. Cela diminue d'autant le poids des actifs.

Tout est fait donc pour que les retraités emportent la décision. Mais ce n'est pas tout. Les consultations seront organisées localement. Qui enverra les textes et la propagande des diverses fédérations ? Eh bien des dizaines et des dizaines d'organismes locaux, le plus souvent tenus en main par des orthodoxes de la fédération CGT. Et ce sont eux qui collationneront les bulletins des actifs et des retraités. Qui vérifiera ?

Dans la région parisienne, la plupart des opposants sont convaincus que le scrutin ne sera pas régulier.

Malgré toutes ces difficultés, les opposants au projet d'accord commencent à se mobiliser, à se prévenir les uns les autres, à téléphoner en province à des connaissances, etc. Les fêtes en famille ont été l'occasion de multiples discussions.

Sur le fond, le personnel, lorsqu'il est correctement informé, se prononce contre l'accord. Et malgré les manoeuvres des bureaucrates syndicaux, rien n'est peut-être joué. Pour leur part, les militants de Lutte Ouvrière s'emploient, dans la mesure de leurs forces, à appeler à voter " non " au projet d'accord qui trahit les intérêts des travailleurs.

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