Brésil : Lula récompense ses alliés02/01/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/01/une1796.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Brésil : Lula récompense ses alliés

Le Parti des Travailleurs (PT) dirigera 14 des 26 ministères du gouvernement qui entrera en fonctions le 1er janvier. Mais Lula, le président élu, n'a pas oublié les partis qui l'ont soutenu, que ce soit au premier ou au second tour de l'élection présidentielle. Chacun a été récompensé par un ministère.

Le Parti Libéral, parti du vice-président José Alencar, obtient le ministère des Transports. Le Parti Communiste du Brésil, qui vient du courant maoïste et est un allié de longue date du PT, aura celui des Sports.

Dans la coalition qui, au premier tour, soutenait Ciro Gomes, le ministère de l'Intégration nationale revient au Parti Populaire Socialiste (ex-Parti Communiste Brésilien). Et il sera occupé par Ciro Gomes lui-même, qui n'en est pas à son coup d'essai puisqu'il a déjà été ministre de l'Économie dans un gouvernement de droite, succédant à Cardoso lorsqu'il quitta le ministère pour présenter sa candidature à la présidence. Le Parti Démocratique Travailliste de Brizola, lié à l'Internationale Socialiste, aura le portefeuille des Communications et le Parti Travailliste Brésilien, très à droite, celui du Tourisme.

Le Parti Socialiste Brésilien, dont le candidat au premier tour était Garotinho, aura le ministère des Sciences et de la Technologie. Enfin le ministère de la Culture revient au chanteur Gilberto Gil, qui lors d'élections précédentes avait soutenu Cardoso contre Lula, dont il est pourtant l'ami. Gil appartient au Parti Vert, qu'il est bien difficile de classer sur l'échiquier politique brésilien tant ses positions sont floues.

Aucun de ces postes n'est de première importance. Ce sont des récompenses, pas des engagements sur une ligne politique déterminée. Les postes clés du gouvernement, les Finances, l'Intérieur, les Affaires étrangères, la Défense et la Maison civile du président ont été confiés à des hommes de l'appareil du PT ou à des " spécialistes ", patrons et diplomates de sensibilité plutôt droitière.

Lula ne dispose pas d'une majorité à la Chambre : le PT et ses alliés réunissent au maximum 180 députés, sur un total de 513. Pour gouverner dans le cadre constitutionnel, et il ne souhaite pas en sortir, il lui faudra obtenir la neutralité ou le soutien d'autres partis, de droite ou de centre-droit, qui soutenaient officiellement son adversaire Serra, PSDB, PMDB ou PFL, ou encore débaucher des fractions parlementaires de ces partis.

Les partis brésiliens sont en effet souvent des coalitions hétéroclites de groupes liés à un leader. Certains de ces caciques disposent de 30 ou 40 députés à leur dévotion. Ils sont extrêmement sensibles à toutes les formes de corruption et très indépendants du parti dont ils portent officiellement l'étiquette. C'est ainsi que Lula a été soutenu, dès le premier tour, par les poids lourds de la politique brésilienne que sont les anciens présidents José Sarney et Itamar Franco, le maître de Bahia Antonio Carlos Magalhaes, et Paulo Maluf, l'ancien maire de Sao Paulo, dont les partis soutenaient pourtant Serra.

Cette " opposition " théorique à Lula semble d'ailleurs toute disposée à observer une trêve. Elle se montre très modérée vis-à-vis du président élu, à l'exemple de Cardoso, le président sortant. Tous ces politiciens se mettent en posture d'observateurs, quitte à faire pression, si l'orientation prise par Lula ne leur convenait pas. Et c'est d'ici quelques mois que se mèneront les véritables négociations et que se marchanderont peut-être les postes clés.

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