Guerre aux pauvres à Melun-Sénart29/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1791.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Guerre aux pauvres à Melun-Sénart

Les situations dramatiques pour les gens les plus pauvres se multiplient. À Lieusaint, qui fait partie de la ville nouvelle de Melun-Sénart, en Seine-et-Marne, des familles Roms vivent dans des conditions des plus précaires et sont en butte aux persécutions des autorités qui veulent les faire partir. Un certain nombre d'entre elles sont d'ailleurs privées de papiers après des années passées en France, et participent aux manifestations des sans-papiers pour obtenir leur régularisation.

Leur campement, situé dans la boue aux confins d'une zone industrielle en cours d'aménagement, ressemble à un bidonville. Les rats pénètrent à l'intérieur des caravanes rouillées où s'entassent les Tsiganes qui essayent, au prix de mille difficultés, de vivre dans un intérieur propre. La plupart n'ont pas de travail, mais ceux qui ont réussi après de multiples démarches à envoyer leurs enfants à l'école en sont fiers.

Depuis les propos de Sarkozy dénonçant " les mafias roumaines , les Roms qui roulent en Mercédès et ont le satellite ", la mendicité est devenue encore plus difficile.

Récemment le SAN (Syndicat d'Agglomération Nouvelle) de Sénart, à majorité socialiste, a décidé d'intégrer 23 des 70 familles. Il les a installées provisoirement dans un camp convenable et veut les aider. Mais il veut faire partir les autres (140 personnes). Et pour les forcer, récemment il leur a coupé le point de distribution d'eau potable et annoncé que l'électricité suivrait le même chemin.

Face à ce coup de force cynique, alors que nous sommes à l'entrée de l'hiver et que cinq cas de tuberculose ont été découverts, les Roms et le collectif de soutien qui intervient auprès d'eux depuis plusieurs mois se sont mobilisés, organisant une manifestation et l'envahissement des locaux du SAN à deux reprises, puis à la préfecture. Après plusieurs péripéties sur trois jours avec des promesses non tenues, des renvois de balle entre Préfecture et SAN, l'eau a été rétablie et l'électricité maintenue. La situation reste des plus précaires car le SAN considère que ces personnes doivent partir de Sénart, et la Préfecture refuse leurs demandes de papiers en disant qu'il faut qu'elles quittent la France.

À quelques centaines de mètres du nouveau centre commercial et de ses luxueuses boutiques " le carré Sénart ", inauguré à grands frais il y a peu par tout le gratin local, c'est la misère totale. Au pays des droits de l'homme, il vaut mieux être riche et bien portant que pauvre et malade. Et nos gouvernants, qu'ils soient de gauche ou de droite, préfèrent aider les capitalistes et faire la guerre aux pauvres.

Partager