Dassault-Aviation toujours plus riche29/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1791.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Dassault-Aviation toujours plus riche

Si récession il y a, ce n'est pas le cas pour tout le monde, en tout cas pas pour Dassault-Aviation. Le bilan semestriel présenté au dernier Conseil d'administration laisse prévoir une nouvelle explosion des bénéfices (on parle de 35 %) pour l'année en cours.

C'est une continuité, Dassault-Aviation a toujours été bénéficiaire, mais la dernière décennie est celle des records.

Sur cette période, le montant des dividendes encaissés par l'actionnaire principal, Serge Dassault, a été multiplié par dix, atteignant sans doute quelque 30 millions d'euros en 2001 (soit 24 000 F de l'heure), ceci pour un nombre à peu près constant d'actions, cinq millions.

Dans le même temps, le pourcentage des salaires dans les richesses créées a été divisé par deux, se réduisant à environ 30 % aujourd'hui. Il ne reste en effet que 8 500 salariés actuellement, soit la moitié de ce que nous étions en 1986. Qui plus est, selon les chiffres de la CGT, le pouvoir d'achat des salariés a plongé de 27 % par rapport au coût de la vie calculé par l'Insee en quinze ans. A l'embauche, un ajusteur perçoit un salaire d'environ 1 050 euros (7 000 F), avec peu d'espoir qu'il grossisse beaucoup. Le bas niveau des salaires n'est guère compensé par la politique paternaliste de Dassault qui reverse aux salariés un tiers de ses bénéfices sous forme de participation - l'équivalent de deux à trois mois de salaire - ce qui ne compte pas pour la retraite et n'est bien sûr pas garanti.

Quant au carnet de commandes, il fait le plein pour les jets d'affaires Falcon, en particulier aux États-Unis, où plus de 70 % du chiffre d'affaires est réalisé dans le secteur dit civil, à tel point que le PDG Edelstenne plastronnait il y a quelques mois et affirmait s'affranchir ainsi des subsides de l'État.

Il n'a pourtant pas fallu longtemps pour que Dassault-Aviation rappelle ses devoirs à l'État français, qui vient de confirmer l'achat d'un nouveau lot de 60 Rafale, sur un total de près de 300 qu'il s'est engagé par ailleurs à acquérir. C'est également l'État qui financera les évolutions futures de cet avion, baptisées standard F 2, F 3, F 4.

Et pour faire bonne mesure, une nouvelle aide de 110 millions d'euros est en préparation par les autorités françaises pour que le Rafale Export trouve des clients à l'étranger - une aide baptisée " aide à l'export "... peut-être pour éviter qu'elle ne prenne le nom " d'aide à Dassault ".

Donc, si une des plus grandes fortunes de France continue à rouler sur l'or, cela ne tient pas au hasard, mais aux attaques contre les salariés et aux aides multiples que Dassault reçoit de l'État. Moyennant quoi, Serge Dassault peut en plus se payer le luxe d'un empire de presse... aux frais des contribuables.

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