Aventis : La direction embourbée29/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1791.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Aventis : La direction embourbée

Comment se débarrasser de 1 400 m3 de moût fermenté nauséabond dont on ne peut même plus extraire 1 g d'antibiotique ?

La spiramycine, l'antibiotique qui est extrait au bâtiment 10 d'Aventis-Vitry, est fabriquée par des bactéries qui fermentent dans d'immenses cuves - des fermenteurs - de 70 m3 (70 000 litres !). Habituellement, ces cuves sont vidées au bout de 230 heures de fermentation et le moût qui en sort est transféré à l'atelier qui procède à l'extraction, le bâtiment 10... en grève depuis huit semaines.

Si bien que, en amont, à l'atelier de fermentation - au bâtiment 77 - 20 fermenteurs, soit 1 400 m3 de moût fermenté, attendent donc depuis plus de 1 000 heures. D'ordinaire, l'atmosphère est déjà nauséabonde, en ce moment, c'est carrément pestilentiel.

De plus, lors de prélèvements, des bactéries pathogènes ont été décelées. Plus question d'extraire la spiramycine. Il faut se débarrasser des moûts et la direction a donc décidé de vidanger les fermenteurs... à l'égout.

Oui mais l'égout de l'usine se déverse dans la grande station d'épuration d'Achères, où les eaux et les boues usées subissent, entre autres, l'action de bactéries " nettoyeuses " avant d'être rejetées dans la Seine. Sauf que... la spiramycine détruit ces bactéries et que le contenu des fermenteurs mettrait en panne la station d'épuration...

Les responsables se sont donc demandé comment faire pour inactiver l'antibiotique ? On pourrait chauffer le contenu des fermenteurs. Ce serait efficace. Mais un fermenteur de 70 m3 de moût à 15 C° empeste déjà, alors faire bouillir 1 400 m3 de jus pourrissant ne serait pas vraiment bien ressenti par les riverains...

On peut aussi les inactiver avec de la soude, mais sans dépasser les normes admises par la station d'épuration. Et puis, il faut y aller progressivement, fermenteur par fermenteur, et pas trop vite pour éviter les grosses bouffées de gaz puant. C'est la solution qui a été retenue, mais même en mettant quatre heures pour vider un fermenteur, l'atmosphère est à peine tenable. Au total, il va falloir compter 80 heures de vidange, plus de trois jours... Après, il faudra encore désinfecter les appareillages avant de relancer la production...

Décidément, la direction aurait mieux fait de prendre un peu plus vite en considération les revendications du personnel !

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