Le sang contaminé... par le fric15/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1789.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le sang contaminé... par le fric

Les parents d'un jeune Tunisien hémophile, transfusé avec du sang contaminé et mort du sida en 1989, viennent de porter plainte contre X pour empoisonnement.

Jusqu'à présent, ils n'avaient pas osé porter plainte ; le gouvernement tunisien leur avait alloué, après la mort de leur fils, 30 000 dinars (environ 21 900 euros) à titre de dédommagement. Des envoyés de l'Institut Mérieux étaient venus leur expliquer qu'ils n'y étaient pour rien, que c'était, selon leurs propres mots, « une machination politique ».

En fait, leur fils semble bien avoir été empoisonné par les produits sanguins commercialisés par Mérieux, des produits non chauffés que l'institut envoyait dans le Tiers Monde (Afrique, Arabie Saoudite...) des mois encore après que les autorités sanitaires avaient mis fin à cette distribution en France.

Chaque année apporte des éléments nouveaux sur l'ampleur du scandale. En France, plus de 2 000 personnes, dont environ 600 hémophiles, ont été contaminées ; les trois quarts étaient décédés en février 1999, au moment où s'est ouvert le procès des trois ex-ministres Fabius, Dufoix et Hervé. On sait que, même informés des risques potentiels, ceux-ci avaient fait traîner les choses en longueur : on écoulait les stocks contaminés et l'Institut Pasteur rattrapait son retard sur ses concurrents pour les tests de dépistage.

Cette politique criminelle, qui mettait les profits avant la santé, a fait des centaines de victimes. Et pourtant, il n'y a toujours pas de « coupables » parmi les responsables, mis à part le docteur Garetta, ancien directeur du Centre de transfusion sanguine, incarcéré pendant quelque temps puis libéré. Mais elle a continué à tuer et des officines comme l'Institut Mérieux en ont rajouté sur l'ignoble en poursuivant leurs affaires dans les pays sous-développés, où les contrôles sanitaires sont encore plus aléatoires, sans jamais réclamer qu'on leur réexpédie les stocks dangereux.

Partager