Lagardère rachète Vivendi Universal Publishing : Des armes aux livres, tout fait profit15/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1789.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Lagardère rachète Vivendi Universal Publishing : Des armes aux livres, tout fait profit

Avec le rachat de la branche édition de Vivendi pour 1,25 milliard d'euros payés cash, le groupe Lagardère, qui possède déjà Hachette, va contrôler environ la moitié des éditions en France, et 80 % des publications scolaires ou des livres de poche, ainsi que 70 % de la distribution du livre.

Les autres éditeurs, qui arrivent loin derrière, s'alarment de cette situation de quasi-monopole, craignant que cela ne restreigne le choix des titres, mais surtout que les ouvrages qu'ils publient soient moins bien distribués dans les librairies, les supermarchés ou les kiosques Relay, déjà entre les mains de Lagardère.

Le risque existe en effet, même s'il n est pas nouveau. Le monde de l'édition n'a jamais obéi aux principes d'une exception culturelle quelconque. Comme toute marchandise, la diffusion du livre est régie par les lois du marché : on fabrique dans le but de vendre le plus possible, que ce soit au travers de séries grand public, de livres à bon marché ou de la recherche du best-seller (d'où la course aux prix littéraires qui se tient actuellement). Les bénéfices engrangés de cette façon permettent alors aux éditeurs de publier parallèlement d'autres titres à petit tirage, et de se donner ainsi une image de marque.

Dans le milieu de l'édition, la concurrence est aussi féroce que dans la grande distribution, la téléphonie ou l'électronique, pour ne citer que quelques secteurs. Quand des petits éditeurs indépendants essaient de publier des ouvrages qu'ils estiment de qualité, indépendamment du nombre de ventes escomptées, presque toujours ils se cassent les dents face aux gros (pas seulement Hachette ou Vivendi), qui ont d'autres moyens financiers pour imprimer à plus bas prix, promouvoir ou distribuer leurs titres, et qui ont des banques pour les soutenir. Les faillites sont fréquentes, de même que les rachats et la concentration qui s'ensuivent, comme dans n'importe quel autre secteur de production. Et la cause là aussi est la concurrence et la recherche du profit.

Dans le mode de fonctionnement capitaliste auquel n'échappe pas le livre, demander que soient respectées les lois de la concurrence revient à aboutir à la situation actuelle : un fabricant d'armes peut contrôler plus de la moitié de l'édition en France ; tout comme un marchand de béton peut contrôler la plus importante chaîne de télévision ; puisque ça rapporte...

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