L'affaire de la « Société Générale » : Du banal, dans la société capitaliste15/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1789.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'affaire de la « Société Générale » : Du banal, dans la société capitaliste

Au bout de quelque treize ans d'instruction, le procès de l'affaire dite de la Société Générale vient enfin de commencer. Ce long délai a permis à 7 des 11 comparses de départ accusés de « délit d'initié » de s'éclipser ; deux au bénéfice d'une amnistie présidentielle, tandis que les autres ont bénéficié d'un non-lieu. Ceux qui restent dénoncent sans complexe la lenteur d'une justice dont ils n'ont pourtant pas eu à se plaindre.

En 1988, sous le gouvernement de gauche de Bérégovoy, ces individus avaient utilisé des informations confidentielles pour monter une opération spéculative. A l'occasion d'une opération boursière visant au contrôle de la Société Générale, ils avaient réalisé un joli coup de Bourse et encaissé de beaux pactoles. En temps normal, cela s'appelle profiter d'un bon tuyau et tout le petit monde de la spéculation trouve cela parfaitement licite. Cela devient « délit d'initié » lorsque les concurrents interviennent.

Les quatre accusés aujourd'hui sur la sellette ne sont pas de quelconques petits trafiquants. Ils sont un résumé de tout ce qu'il y a de plus respectable si on peut dire dans les sphères du capitalisme et de la haute finance : un homme d'affaires important, un gros financier, un ancien haut dirigeant d'une grande banque et un ancien directeur de cabinet ministériel. Rien que du beau monde. Ils s'escriment à répéter qu'ils ne comprennent vraiment pas ce qu'ils font dans le box des accusés, alors que ce qu'on leur reproche aujourd'hui n'est qu'une pratique courante dans les milieux financiers.

Dans ce système capitaliste, la règle n'est-elle pas que l'on spécule, que l'on bluffe, que l'on triche, y compris avec les règlements ? Pour réaliser de juteux profits par quelques coups de dés, ces messieurs se servent de leurs réseaux de relations et d'information. Et si par hasard il leur arrive un pépin judiciaire, ils savent trouver les subterfuges pour retarder les jugements, avec l'espoir que l'affaire se perde dans les sables.

Tout cela n'est pas une anomalie, mais le système capitaliste lui-même. D'ailleurs, que l'un des prévenus dans ce procès ait, malgré cette affaire, continué son petit bonhomme de chemin est tout un symbole : ancien haut dirigeant d'un ministère, il est aujourd'hui principal actionnaire du trust de la distribution Casino.

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