Etats-Unis : De plus en plus de mal-logés et de sans-logis15/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1789.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Etats-Unis : De plus en plus de mal-logés et de sans-logis

Alors que le nombre de « homeless », les sans-logis, augmente sans cesse, certaines villes américaines ont pris ou envisagent de prendre des décisions dissuasives, qui vont jusqu'à leur interdire de rester dans les centre-villes. Bien entendu, les responsables de ces villes affirment qu'ils agissent sous la pression des citoyens qui se disent incommodés ou agressés par les sans-logis. Parmi les mesures prises, on peut citer, à Orlando (Floride), la prison pour des personnes allongées ou assises sur les trottoirs du centre-ville, ou à La Nouvelle-Orléans, l'enlèvement des bancs d'un parc historique. Lors des élections du 5 novembre, une proposition était soumise à référendum aux électeurs de San Francisco : celle de limiter fortement les aides financières que cette ville verse à un certain nombre de sans-abri, proposition qui a d'ailleurs obtenu une majorité de voix parmi les votants.

La récession, qui a touché l'économie américaine l'an dernier et qui n'est certainement pas terminée, a jeté hors des rangs du salariat des centaines de milliers de travailleurs, dont les plus vulnérables ne pouvaient que grossir les rangs des sans-abri.

Un rapport publié chaque année par la National Low Income Housing Coalition (Coalition nationale pour un logement pour les bas revenus) calcule le salaire horaire qu'un travailleur doit toucher pour pouvoir louer un « deux pièces- cuisine » correct. Il faut que le salarié consacre un tiers de son revenu à payer son loyer. En moyenne nationale, un salaire offrant une telle possibilité est, pour cette année, de 14,66 dollars de l'heure. C'est, à quelques pour cent près, le salaire horaire moyen de l'ouvrier américain, selon les propres chiffres du ministère du Travail. Cela signifie qu'environ la moitié des travailleurs américains, pour louer un F2, devront soit y consacrer plus du tiers de leur paye, soit louer un F2 moins confortable ou bien un appartement plus petit.

Dans une ville comme Boston, il faut gagner 20,21 dollars de l'heure pour pouvoir louer un F2. Comment peuvent faire des travailleurs, comme ceux du nettoyage des grands immeubles de cette ville, qui ont fait grève à partir du début octobre pour de meilleurs salaires, alors qu'ils gagnent 10 dollars de l'heure ?

Ce rapport révèle la situation des travailleurs les plus mal payés, ceux qui touchent le « salaire minimum » national, soit 5,15 dollars de l'heure, un salaire de misère au sens littéral du terme. Ils sont près de 2 400 000, et 60 % d'entre eux sont soit des chefs de famille soit des époux ou épouses de chefs de famille. La location d'un modeste F2 est donc trois fois au-dessus de leurs moyens, et la perspective de devenir propriétaire relève du « rêve américain », si l'on peut dire.

D'autres chiffres indiquent que 14 millions de foyers américains dépensent plus de la moitié de leur revenu pour se loger, c'est-à-dire un foyer sur sept. Et trois millions de foyers parmi ceux qui consacrent plus de la moitié de leurs revenus à leur loyer sont des familles de travailleurs à plein temps. Entre 1973 et 1992, 2,2 millions d'appartements à loyer modéré ont disparu du marché immobilier. Durant les dix années suivantes, un million de plus disparurent. Les propriétaires abandonnent parfois complètement ces appartements, les convertissant en appartements de standing, ou bien ils en augmentent les loyers, les rendant ainsi inaccessibles aux salariés. Pendant que l'offre de logements abordables se réduisait au cours des dix dernières années, le nombre de ménages à la recherche de tels logements augmentait d'un million.

Le problème d'avoir un logement correct, à des prix abordables, ou du moins d'avoir des salaires qui permettraient d'y accéder, n'est toujours pas résolu dans le pays le plus riche de la planète.

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