Dans la liste des gadgets : Partenariat avec la police et la justice ?15/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1789.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Dans la liste des gadgets : Partenariat avec la police et la justice ?

L'idée d'un partenariat avec la police et la justice n'est, elle non plus, pas nouvelle : elle a déjà été mise en pratique dans certains établissements et... stoppée dans d'autres pour cause de mauvaises relations entre les enseignants et la police qui avait tendance à considérer chaque jeune... comme un délinquant en puissance.

Dans le contexte actuel, cette proposition risque de faire long feu. Le ministre compte-t-il sur les professeurs pour essayer de convaincre les jeunes élèves que l'on peut travailler main dans la main avec ces forces de l'ordre à qui le gouvernement donne carte blanche pour criminaliser cette jeunesse... à l'extérieur de l'école ? Compte-t-il également sur le corps enseignant pour faire avaler aux jeunes « l'impartialité » d'un système judiciaire (c'est le discours officiel des manuels d'éducation civique de collège)... qui libère un Papon, rend intouchable un président de la République, tout en jetant sans ménagement en prison des jeunes qui ont commis des délits mineurs ?

A cette jeunesse, Darcos et les siens n'ont rien à offrir que... le chômage et des discours moralisateurs.

Des travaux d'intérêt général ?

Lorsque le ministre propose de mettre en place « l'exclusion-inclusion » des élèves violents, il renvoie tout simplement la balle aux établissements scolaires et leur propose de « gérer en interne » les problèmes. Il est vrai que l'exclusion d'un élève violent ou perturbateur n'est pas toujours la solution la mieux adaptée, même si elle intervient le plus souvent en dernier recours, quand toutes les autres solutions ont été épuisées.

Mais que faire alors ? Faire effectuer des travaux d'intérêt général aux élèves ? Pourquoi pas. D'ailleurs l'idée n'est pas nouvelle : cela se pratique déjà. Mais qui va s'occuper des élèves ? Qui va les surveiller et les suivre ? Le personnel de la vie scolaire, notoirement en sous-effectif dans bien des établissements ? Les ouvriers d'entretien à qui l'administration, par exemple, n'hésite pas à confier les élèves exclus sous prétexte que ces derniers font des travaux d'intérêt général ? Faute de personnel d'encadrement adéquat, cette proposition - comme toutes les autres - restera lettre morte.

.... tout comme la lutte contre l'illettrisme !

En mai dernier, Luc Ferry, le ministre de l'Education nationale, y était allé de son couplet sur la « fracture scolaire ». Il avait alors déclaré que la « lutte contre l'illettrisme » allait être l'une de ses priorités. Si le ministre a pointé du doigt l'un des problèmes majeurs auxquels étaient et sont toujours confrontés les jeunes - plus particulièrement ceux issus des milieux populaires - qui entrent en sixième sans savoir ni lire ni écrire, il est resté muet quant aux moyens qu'il entendait mettre en oeuvre pour éradiquer ce fléau. Et c'est là que le bât blesse.

Quand 80 % des élèves d'une classe de sixième d'un collège de la banlieue parisienne ne savent ni lire ni écrire et qu'il y a de grands risques que, en fin de troisième, ils seront toujours aussi illettrés, il faut autre chose que de grands discours pour venir à bout du problème, qui est un problème social. Il faudrait multiplier les cours de soutien et les cours en demi-groupes, adapter l'enseignement aux élèves en difficulté. Mais cela nécessite des moyens matériels, humains et financiers conséquents.

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