Contre la guerre de brigandage en Irak15/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1789.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Contre la guerre de brigandage en Irak

La radio et la télévision le répètent, le compte à rebours de la guerre contre l'Irak a commencé. 250 000 militaires américains seraient déjà déployés autour de ce pays, équipés d'engins meurtriers de haute technologie, soutenus par une armada de navires de guerre. Quant à l'aviation américaine, elle n'a même pas à se mobiliser car elle n'a jamais cessé de bombarder ce pays, dans l'indifférence générale.

Avant même d'être officiellement déclenchée, la guerre contre l'Irak a fait déjà des milliers de morts. A ceux, victimes de la guerre aérienne, s'ajoutent ceux, bien plus nombreux, morts de privations, conséquence de l'embargo imposé depuis dix ans qui frappe surtout les classes pauvres de la société.

Mais pourquoi donc cette pression militaire sur l'Irak ? L'intérêt personnel de Bush à entretenir un climat guerrier aux États-Unis même n'est que trop évident. Ce président, élu il y a deux ans avec moins de voix que son adversaire à la suite de manoeuvres et de tricheries grossières, a profité de l'émotion légitime soulevée dans le peuple américain par les attentats du 11 septembre pour se poser en chef de guerre défendant la démocratie contre le terrorisme. C'est déjà au nom du combat contre le terrorisme qu'une coalition occidentale, dont, rappelons-le, la France a fait partie, a noyé sous les bombes l'Afghanistan dont le peuple n'était en rien responsable des agissements de Ben Laden.

Au-delà de la personne même de Bush cependant, le milieu dirigeant américain a trouvé dans l'émotion suscitée par le 11 septembre une occasion pour tenter d'embrigader le peuple américain derrière la politique impérialiste que mène sa classe dirigeante à l'échelle de la planète.

Une vaste campagne de mensonges, relayée par les médias, est menée pour prolonger et amplifier la crainte de menaces venant de l'extérieur et pour transformer en agressé qui se défend un impérialisme agresseur.

C'est pourtant l'évidence que l'Irak n'a pas les moyens d'agresser les États-Unis. Et Saddam Hussein n'a rien à voir avec l'activité des groupes terroristes. Saddam Hussein est un dictateur sanglant. Mais cela n'a pas gêné les grandes puissances pour le soutenir et pour l'armer lorsqu'il a mené, à partir de 1980, une longue guerre contre l'Iran, qui a fait un million de morts, ou lorsqu'il a noyé dans le sang des insurrections des composantes kurde ou chiite de son peuple. C'est encore le peuple irakien qui payera, en sang et en souffrances, la guerre que prépare l'Occident.

Chirac a prétendu oeuvrer contre la guerre. Mais, en votant comme les autres l'ultimatum américain, rédigé sous l'égide de l'ONU, la France a participé à la manoeuvre consistant à en rendre l'Irak lui-même responsable.

Personne ne peut dire pour le moment quand et comment se déclencheront les opérations militaires. Mais quelle que soit sa forme, c'est une sale guerre, dont les motivations fondamentales sont les intérêts impérialistes qui sont énormes aussi bien en raison de la situation géostratégique de la région qu'en raison des richesses pétrolières qu'elle recèle. Ces richesses ont enrichi quelques centaines de grands bourgeois ou d'émirs locaux et, surtout, les grands trusts du pétrole. Elles n'ont rien rapporté aux peuples qui paient par contre toutes les conséquences de la mainmise des trusts occidentaux sur la région : les dictatures, la pauvreté et, périodiquement, les guerres.

Et rappelons le rôle infâme de notre propre impérialisme dans la région. Pas seulement parce qu'il s'aligne aujourd'hui derrière les États-Unis, mais plus encore parce qu'il avait lui-même participé au découpage de cette région en fonction des intérêts de ses propres trusts pétroliers et parce que ces trusts, comme Total, ont participé et participent encore au pillage.

Même si l'Irak est loin, la guerre qui se prépare nous concerne. Alors, qu'il soit au moins dit que ce n'est pas en notre nom, « au nom du peuple français », que nos dirigeants participent à la préparation de cette guerre de brigandage. A bas la guerre contre l'Irak, à bas la domination impérialiste sur le monde !

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