Suisse : Grève du bâtiment08/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1788.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Suisse : Grève du bâtiment

En Suisse, 15 000 travailleurs du bâtiment ont fait grève pour la retraite à 60 ans et il s'agit-là de la plus grande grève dans le pays depuis 55 ans. Les syndicats protestent contre la non-application d'un accord sur l'introduction progressive de la retraite à 60 ans dans le bâtiment.

En Suisse l'âge de la retraite est de 65 ans pour les hommes et 64 ans pour les femmes. Après avoir signé en mars 2002 un accord de retraite anticipée qui devrait, à partir de 2003, abaisser progressivement l'âge de départ pour aboutir à une retraite à 60 ans en 2006, le patronat du bâtiment est revenu unilatéralement sur cet accord, refusant de l'appliquer et voulant notamment revoir à la baisse le versement des préretraites.

Pourtant, en échange de cet accord sur les retraites, les syndicats avaient accepté la modération salariale pour 2003. Aussi, depuis le mois de septembre, à l'appel du syndicat du bâtiment, les conflits se multiplient sur les chantiers de creusement des tunnels, de construction de routes, de stades de football, de gares, d'hôtels, d'appartements de luxe, de casinos ou même de cathédrales. Des manifestations ont eu lieu avec parfois l'arrestation de militants syndicaux par la police, ou des prises d'identité des travailleurs qui sont en grand nombre étrangers, frontaliers ou saisonniers.

Dans bien des endroits, les patrons ont lock-outé leurs employés, apposant dans de nombreux chantiers des panneaux " Stop, grève interdite ". La grève a été considérée comme illégale par les autorités et les manifestations n'ont pas été autorisées. Pourtant, la journée nationale de grève du 4 novembre qui prolongeait les grèves de septembre et d'octobre a touché des centaines de chantiers dans tout le pays et se prolongeait même le lendemain dans le canton du Tessin.

Le syndicat suisse du bâtiment a menacé de prolonger la lutte sur tout le mois de novembre et de ne plus respecter " la paix du travail " - un accord qui réglemente depuis plusieurs dizaines d'années, et de manière très restrictive, le droit de grève en Suisse - si le patronat ne respectait pas ses engagements. Mais en même temps, il montrait tout au contraire son souhait de ne pas en arriver là et de respecter le cadre légal " comme il est d'usage en Suisse " ainsi que le déclarait un de ses principaux dirigeants.

Pour les travailleurs, rien n'est réglé. Mais les grèves de septembre, octobre et la journée du 4 novembre ont montré que les travailleurs du bâtiment, dont 40 % meurent ou sont frappés d'invalidité avant l'âge légal de départ à 65 ans, répondent présent quand on les appelle à se défendre.

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