SNECMA-Villaroche : Lutte victorieuse contre un licenciement08/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1788.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNECMA-Villaroche : Lutte victorieuse contre un licenciement

Durant la semaine précédant les congés de la Toussaint, la direction de la Snecma a entamé une procédure de licenciement à l'encontre d'un salarié accusé par le chef de la sécurité du centre d'avoir arraché l'essuie-glace de sa voiture, ce que nie le salarié.

L'annonce de la sanction a d'abord provoqué la stupeur, puis l'indignation et la colère lorsque les ouvriers ont appris les détails de l'histoire. Notre camarade, à mi-temps thérapeutique, a en fait été agressé verbalement par le chef en question au moment où, se rendant à l'infirmerie, il passait à la hauteur de son bureau. Suite à l'altercation, le service médical a d'ailleurs dû évacuer notre camarade par ambulance.

Le chef de la sécurité, quant à lui, après avoir porté plainte pour la prétendue détérioration de son véhicule, ne s'était pas arrêté là. Usant de ses relations professionnelles avec les gendarmes, il a fait convoquer notre camarade pour interrogatoire à la gendarmerie où il a vainement été cuisiné pendant plus de six heures.

Les ouvriers du secteur n'ont pas tardé à réagir, d'autant que tout le monde se souvenait d'un précédent où le même chef avait déjà été mis en cause pour avoir contribué à accuser, à tort, un autre ouvrier qui avait failli être licencié à l'époque. Personne ne pouvait non plus oublier l'affaire des actions accaparées en douce par Béchat, le PDG de l'entreprise, et qui plaçait l'ensemble de la direction en très mauvaise position pour prétendre jouer les justiciers.

Des débrayages quotidiens rassemblant l'essentiel des secteurs ouvriers de l'usine ont donc commencé, pour exiger que la direction arrête sa procédure. Chaque jour des cortèges se formaient puis convergeaient vers le Montage. Le directeur ne voulait rien entendre, et du haut de son mépris déclara sur un ton hargneux : " Vous pouvez venir à mille, ce sera pareil ."

A l'occasion de la convocation pour son entretien préalable, notre camarade a pu s'adresser à tous ceux qui le soutenaient pour les remercier, moment d'autant plus émouvant qu'il y eut de nombreux témoignages de solidarité.

Lors de la mascarade d'entretien, le chef du personnel laissa entendre qu'une réponse serait donnée le lundi suivant, 28 octobre. Lors de cette entrevue, il ne prétendit plus disposer des bandes vidéo comme preuve de la culpabilité de notre camarade, mais de deux témoins, à savoir le chef de la sécurité et son adjoint. Ce dernier précisant toutefois n'avoir aperçu qu'une silhouette.

La direction comptait en fait sur la période des congés scolaires pour en finir avec le mouvement. Ce calcul ne s'est pas avéré très malin. L'annonce du départ en vacances du directeur et la nouvelle que la réponse était différée ont produit l'effet inverse. Non seulement les débrayages ont continué, mais dans les deux équipes les ouvriers sont eux-mêmes venus renforcer les diffusions de tracts appelant tout le centre à débrayer. Diverses autres initiatives ont également été prises : interpellations des hiérarchies concernées, lettre au préfet, au procureur (notre camarade est convoqué au tribunal le 30 mai prochain), conférence de presse.

Après l'annonce faite le mardi 29 octobre que la direction convoquerait les syndicats pour donner sa réponse le lendemain, une réunion d'ouvriers de l'équipe du soir eut lieu dans le secteur de notre camarade. Là fut rédigé un texte qui allait servir d'appel au débrayage du lendemain.

Mercredi 30 octobre donc, tout le monde était aux portes. Plusieurs centaines de croissants et des litres de café avaient été prévus dans l'attente de la réponse officielle. En place dès 8 h 15, les grévistes virent arriver le directeur fraîchement revenu de vacances. Lors d'une courte réunion qui eut lieu dans la matinée, le licenciement fut commué en trois journées de mise à pied " pour tenir compte de la situation personnelle de l'intéressé ". Le maintien d'une sanction, quelle qu'elle soit, demeurait bien sûr inacceptable mais il était manifeste que la direction avait reculé devant la détermination des grévistes.

La solidarité va maintenant se poursuivre à tous les niveaux, juridiques et financiers. L'idée qu'il faut aussi se débarrasser du chef de la sécurité fait également son chemin. Pour tous ceux qui ont participé au mouvement, il s'agit bien entendu d'une victoire et de la démonstration que la solidarité ouvrière n'est pas un vain mot.

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