Unité de diffusion postale (Touques-Calvados) : La lutte a payé01/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1787.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Courrier des lecteurs

Unité de diffusion postale (Touques-Calvados) : La lutte a payé

Les Unités de Diffusion Postale sont des filiales de La Poste spécialisées dans la distribution de pub. Il y en a deux dans le Calvados. Une à Caen, l'autre à Touques, tout près de Deauville. A Touques, nous sommes six à distribuer de la pub. On travaille à mi-temps, du lundi au mercredi, soit une moyenne de 18 heures pas semaine, pour un salaire net d'environ 400 euros par mois. Pas de quoi faire des folies. De plus nous devons faire les tournées avec notre propre véhicule. Même l'essence et le surcroît d'assurance sont à notre charge ! Sur les six nous étions cinq à travailler en CDD renouvelables. La plus ancienne d'entre nous est là depuis juin 2000, toujours en CDD.

On en a eu ras le bol de cette précarité injustifiée. En se concertant, on a décidé de se mettre en grève pour réclamer l'embauche de tous en CDI. Comme on n'a pas l'habitude (c'est la première fois que nous faisons grève), on a demandé à des militants de SUD-PTT de nous aider.

Lundi 14 octobre, nous avons déposé un préavis de grève pour le lundi 21. La direction nous a fait savoir qu'elle voulait bien nous recevoir, mais qu'elle ne voulait pas des syndicats. Nous lui avons alors signifié que c'était nous et pas elle qui devait choisir nos représentants. La direction nous a donc reçus le vendredi 19. Pour seule proposition, elle nous a demandé de ne pas nous mettre en grève... et qu'en échange elle promettait de nous donner une réponse dans quinze jours !

Le lundi 21, nous étions tous les six en grève. Même notre camarade en CDI a fait grève avec nous par solidarité. Notre mouvement a immédiatement rencontré la sympathie de nos collègues facteurs.

La presse a été informée de notre mouvement. Nous avons déposé des dossiers devant les prud'hommes pour obtenir une requalification de contrat. Une conférence de presse était prévue devant le tribunal le mardi.

La nuit du lundi au mardi, la direction a fait enlever tous les colis publicitaires du centre, espérant les faire distribuer autrement. Seulement, le coup était prévu. Tous les colis étaient rangés par palette, chaque palette correspondant à une tournée de distribution. Mais les documents étaient mélangés et la distribution s'est avérée impossible.

Le mardi matin, devant notre détermination et devant la menace de voir notre mouvement s'étendre à d'autres centres, la direction a signé un protocole d'accord garantissant l'embauche en CDI de nous tous dès le 1er mars 2003. De plus, ceux qui le veulent pourront obtenir un contrat à temps complet dans les deux ans qui suivent.

Nous avons repris le travail mais nous n'en resterons pas là. Nous comptons fermement obtenir une augmentation du tarif horaire, une indemnité kilométrique, ainsi que la prise en charge par La Poste du surcroît d'assurance.

Notre succès a encouragé d'autres précaires à en faire autant. Nous avons appris que deux autres centres, un dans la Manche, l'autre en Seine-et Marne, s'étaient également mis en grève !

Partager