Un zélé serviteur de l'appareil d'état01/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1787.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Soudards

Un zélé serviteur de l'appareil d'état

Dans un livre intitulé La Vrai Bataille d'Alger, publié en 1971, le général Massu revendiquait la torture comme une méthode efficace pour lutter contre les militants algériens du FLN. A l'époque, le livre fit scandale. Son passé de tortionnaire le rattrapa lorsqu'il fut récemment mis en cause par une militante du FLN, Louisette Ighilahriz, torturée et violée par ses soudards. Quand le général Aussaresses, qui avait combattu sous ses ordres, publia son livre il y a deux ans, livre dans lequel il faisait également l'apologie de la torture, Massu exprima une nuance tout en se dédouanant ; la presse y vit des " regrets " et des " remords ".

Massu avait aussi déclaré au Monde, en juin 2000 : " Le principe de la torture était accepté mais, personnellement, j'avais autre chose à faire, et je n'y ai jamais été directement mêlé ". En somme, il laissait le soin à ses subordonnés de se salir les mains à sa place ! Et de continuer : " Les civils, membres du gouvernement, trouvaient cela très bien. Je pense en particulier à deux d'entre eux qui venaient régulièrement nous voir, visitaient nos centres d'interrogatoires et ne s'étonnaient de rien. Ils avaient même tendance à dire : "Allez-y, les gars !". Cette action [de torture sur Louisette Ighilahriz], assurément répréhensible, était couverte, voire ordonnée, par les autorités civiles, qui étaient parfaitement au courant. Quand, plus tard, les mêmes sont venus dire à la télévision qu'ils n'y étaient pour rien, alors qu'ils étaient venus sur place, et qu'ils nous encourageaient, vous imaginez la faible estime que j'ai eue pour eux (...) ".

Massu, en bon professionnel de la guerre... n'a fait qu'obéir aux ordres des politiques ! Et il n'y a aucune raison de ne pas le croire. La généralisation de la torture pendant la guerre d'Algérie n'a pu se faire qu'avec l'accord des hommes politiques - des socialistes Guy Mollet, Lacoste et autres - ou Mitterrand qui n'était pas encore membre du PS.

Massu ajoute : " La torture n'est pas indispensable en temps de guerre, on pourrait très bien s'en passer. Quand je repense à l'Algérie, cela me désole, car cela faisait partie, je vous le répète, d'une certaine ambiance. On aurait pu faire les choses différemment ". On est loin d'une condamnation de la torture ! Son ex-compère le général Bigeard prétend même qu'on a arraché ces " aveux " à Massu, profitant de son âge avancé.

Même quarante ans après, Massu n'a pas exprimé le moindre " regret " pour les centaines de milliers d'Algériens morts pendant cette sale guerre coloniale.

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