Région Centre : Défendre les emplois... ou les profits de Matra-Lagardère ?01/11/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/11/une1787.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Région Centre : Défendre les emplois... ou les profits de Matra-Lagardère ?

Matra-Automobile, l'une des branches du trust Lagardère - celui qui vient de s'offrir tout le secteur édition de Vivendi en plus de son secteur armement, d'Airbus, de la fusée Ariane, de Hachette, etc. - est l'un des principaux employeurs de la Région Centre. A Romorantin, dans le Loir-et-Cher, Matra-Automobile fabriquait l'Espace, remplacée depuis par l'Avantime, dont la réussite commerciale semble problématique.

Des centaines d'emplois ont déjà disparu de l'usine de Romorantin qui est passée de 2100 salariés en janvier à 1500 aujourd'hui. Et on vient d'annoncer près de 500 nouvelles suppressions dont sans doute au moins 282 licenciements.

De nombreuses entreprises de la région travaillent pour Matra et c'est bien entendu toute la région qui est frappée.

Aussi à la dernière assemblée du Conseil régional (où la Gauche plurielle détient la majorité relative), les élus du PS ont-ils soumis un " voeu " au vote des élus : il s'agissait de tout faire pour " relancer durablement les projets industriels de Matra " et " s'engager résolument dans la modernisation de l'outil de travail de Matra " en mobilisant les " compétences " de la Région et " l'action volontariste et puissante de l'État ". Cela revient à réclamer que les pouvoirs publics mettent encore une fois la main à la poche pour aider un des trusts les plus profitables du pays. Ce qu'ils ont d'ailleurs déjà fait : 3 millions de francs de prêt régional à Matra Défense en 1994, et encore en 1999 au titre de la culture pour financer un musée des automobiles Matra à Romorantin, par exemple !

Au Conseil régional, les élus de droite ont fait la moue devant une phrase du voeu proposé par le PS qui déplorait le " silence inacceptable " du Premier ministre et du ministre de l'Économie, qui n'avaient pas daigné répondre à leurs courriers d'alerte. Qu'à cela ne tienne, le PS a retiré la phrase qui fâchait la droite, l'union sacrée pour Matra, de la droite à la gauche plurielle, a pu se réaliser.

Évidemment, quand cela touche leur fief, les notables locaux de tous bords font mine de s'alarmer des conséquences de la toute-puissance des patrons sur l'emploi. Mais pas au point de vouloir leur imposer quoi que ce soit. L' " impuissance " - c'est-à-dire la non-volonté de s'opposer aux capitalistes - avouée par Jospin en son temps face à Renault, Michelin ou Danone reste le credo du PS et bien évidemment de la droite.

L'élu de Lutte Ouvrière au Conseil régional a au contraire dénoncé cette politique. Il s'est abstenu de voter un texte qui ne contenait pas un mot contre les coupables de cette nouvelle attaque contre les travailleurs de Matra et de la région, et pas un mot non plus pour exiger de ce trust richissime (616 millions d'euros de profits en 2001) qu'il mette, lui, la main à la poche pour maintenir les emplois.

Il faudrait au contraire interdire ces licenciements scandaleux, réquisitionner les profits du groupe et même lui imposer le remboursement des aides perçues. Matra-Lagardère a largement de quoi payer, ce n'est pas aux contribuables de lui faire la charité !

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