Une trouvaille : Un "monsieur licenciements"18/10/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/10/une1785.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Une trouvaille : Un "monsieur licenciements"

Les licenciements se multipliant, le gouvernement devait faire au moins semblant de ne pas s'en désintéresser. Il a eu la lumineuse idée de nommer un " Monsieur plans sociaux " dont les attributions officielles sont plutôt floues : il sera ainsi chargé d'une " mission de veille et d'alerte sur les restructurations ". Sans doute s'agira-t-il de faire en sorte que les fermetures d'usines ne troublent pas le sommeil de Chirac et de Raffarin. Il aura pour tâche de " mettre en relation " tous les services de l'État que l'on retrouve autour de la table à chaque plan social : ANPE, AFPA, ces services qui n'ont pas besoin de lui pour se contacter. Mais tous sont aussi impuissants les uns que les autres face aux licenciements. En fait, son rôle réel sera surtout celui d'une vitrine, et il devra se salir les mains à leur place en essayant de faire prendre aux travailleurs licenciés des vessies pour des lanternes.

Le gouvernement a, paraît-il, beaucoup consulté avant de trouver, sinon l'homme idéal, du moins quelqu'un qui accepte le poste. Il a demandé conseil à Jacques Chérèque, ancien dirigeant de la CFDT (le père du dirigeant actuel de ce syndicat), ancien préfet désigné par le gouvernement Rocard, le " Monsieur licenciements " de la sidérurgie lorraine qui a laissé cette région à l'état de désert industriel, et à Michel Bove, le médiateur lors du conflit de Moulinex dont les anciens salariés se débattent aujourd'hui dans le dénuement et le désespoir. Seul un ancien dirigeant de La Poste a finalement voulu accepter ce poste d'endormeur en chef.

Depuis des années, les travailleurs se font leurrer par des promesses non tenues, et cela se sait de plus en plus. Beaucoup de " Monsieur licenciements " potentiels ont peut-être estimé que cela relevait désormais de la mission impossible.

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