Menaces de guerre contre l'Irak : Les Parlementaires américains derrière bush18/10/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/10/une1785.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Menaces de guerre contre l'Irak : Les Parlementaires américains derrière bush

Le soutien accordé par les parlementaires américains a donné des ailes au président Bush, qui continue sa campagne pour une intervention contre l'Irak. Les attentats au Yémen et à Bali ont renforcé le camp des va-t-en-guerre, tandis que les dirigeants européens tentent de ne pas être laissés sur la touche par les États-Unis.

La majorité du Congrès américain a autorisé Bush à déclencher une guerre contre l'Irak. Bush le " républicain " a obtenu, en la circonstance, le soutien d'un tiers des parlementaires démocrates, ce qui a confirmé que ce qu'il était convenu d'appeler " l'opposition démocrate " n'en était pas une.

On a assisté aux habituelles comédies parlementaires, aussi bien à la Chambre qu'au Sénat. Les démocrates, opposants de la veille, se justifiaient en expliquant qu'ils avaient noté une inflexion dans telle ou telle phrase d'une résolution ou dans les propos de Bush. Toujours est-il que ceux qui disaient, comme Chirac ici, qu'il faut la caution de l'ONU pour attaquer l'Irak ont finalement accepté que Bush puisse s'en passer.

De toute façon, avec ou sans le soutien de l'ONU, ce n'est pas cela qui empêcherait les États-Unis d'intervenir. L'ONU n'a jamais montré une grande indépendance vis-à-vis des États-Unis. À plusieurs reprises, elle a, au contraire, offert sa caution aux volontés de Washington.

La résolution votée par les parlementaires américains autorise donc Bush à " recourir aux forces armées des États-Unis comme il le juge nécessaire et approprié ", afin de " défendre la sécurité nationale contre la menace continuelle posée par l'Irak " et pour " faire appliquer toutes les résolutions du Conseil de sécurité concernant l'Irak ".

Dans cette logique, l'étape suivante est donc de mettre le " conseil de sécurité " de l'ONU au diapason des volontés de Bush.

Depuis un mois, les États-Unis souhaitent une " résolution dure ", tandis que Paris et maintenant Moscou se sont fait tirer l'oreille, préférant une résolution en deux temps : la première définissant le retour des inspecteurs en Irak ; et la seconde, plus ferme cette fois, au cas où l'Irak ne respecterait pas l'engagement de la première. Depuis, le régime de Saddam Hussein a accepté le retour des inspecteurs de l'ONU, sans que Bush ne ralentisse sa campagne pour l'intervention.

Derrière ce semblant de dialogue de sourds, il y a la tentative un peu dérisoire des autres membres du Conseil de sécurité de l'ONU de ne pas passer sous la table. Car le pire à leurs yeux, ce n'est pas que les États-Unis attaquent l'Irak mais qu'ils le fassent en laissant l'impression qu'ils n'ont aucune voix au chapitre. Bush, peu soucieux des états d'âme de ses partenaires, envisage maintenant ouvertement, au cas où les États-Unis arriveraient à faire chuter le régime de Saddam Hussein, de placer le pays sous leur contrôle direct.

Si c'était le cas, cela mettrait la seconde réserve de pétrole dans le monde (après l'Arabie Saoudite) sous le contrôle direct des États-Unis, c'est-à-dire en réalité des compagnies pétrolières de ce pays, ce qui n'est certainement pas du goût, par exemple, des compagnies françaises comme TotalFinaElf.

Jusqu'où Bush est-il prêt à aller, bien malin qui peut le dire. Mais il reste qu'en affirmant haut et fort ses ambitions, Bush attend d'abord que sa campagne porte des fruits sur le plan intérieur en maintenant derrière lui la majorité de l'opinion publique.

Les objectifs annoncés publiquement par l'armée américaine, et qui permettraient de conserver intactes les installations pétrolières tandis que seraient détruites toutes les infrastructures du pays, indiquent clairement où les États-Unis aimeraient aboutir dans la région. Mais l'état-major de l'armée américaine qui a concocté ce scénario admet également qu'en finir avec le régime de Saddam Hussein par la force armée nécessiterait vraisemblablement un engagement au sol, dont on sait que les États-Unis redoutent toujours qu'il puisse retourner l'opinion publique en leur défaveur comme on l'a vu durant la guerre du Viêt-nam.

Que fera Bush ? Le fait est qu'il envisage toutes les solutions, y compris celles qui pourraient entraîner le pire pour la population irakienne, et qui pourraient avoir pour conséquence d'embraser le Moyen-Orient. Il continue donc à jouer avec le feu, confirmant une fois de plus que le terrorisme d'État, et surtout celui de l'État le plus puissant du monde, constitue la menace la plus redoutable pour la population mondiale, celle des États-Unis incluse.

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