Intox à propos des retraites18/10/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/10/une1785.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Intox à propos des retraites

Qui n'a entendu les radios, télés et journaux annoncer que les salariés du privé allaient payer pour les retraites du public ? Cette annonce venait à point nommé alimenter la campagne contre les conditions de retraite des fonctionnaires. Car la majorité de droite va sans doute tenter de mettre en oeuvre les projets élaborés par la gauche, à la suite de Juppé : faire cotiser 40 années les salariés du secteur public, qui ont réussi jusqu'ici à imposer que l'on en reste, comme c'était le cas pour tous les salariés, à 37 ans et demi de cotisation pour bénéficier d'une retraite à taux plein.

L'origine de cette information qui fait choc est bien indirecte. Le gouvernement a décidé, pour le budget de la Sécurité sociale, d'intégrer les chômeurs à la Caisse nationale d'assurance vieillesse. Ils étaient jusqu'à présent comptabilisés à part, même si leurs retraites étaient déjà gérées par la CNAV (Caisse nationale d'assurance vieillesse). Mais cette intégration modifie le rapport numérique entre le régime général des retraites, qui dépend de la CNAV, et les régimes spéciaux, artisans, agriculteurs, mineurs, entreprises publiques et fonctionnaires. Or, c'est cette proportion qui règle les compensations d'un secteur vers l'autre, compensations qui existent depuis 1974.

Il y aurait donc désormais davantage d'affiliés au régime général, qui devrait du coup verser davantage aux régimes particuliers : 2,8 milliards d'euros, au lieu de 1,9 jusqu'ici. Et il est plus médiatique, et plus dans l'intérêt du patronat et du gouvernement, de montrer du doigt les fonctionnaires plutôt que les artisans ou les agriculteurs.

Mais le fond de la manoeuvre budgétaire est ailleurs. Si la CNAV reverse davantage aux régimes spéciaux de retraites, ce sera autant de moins à la charge de l'État, qui en est le garant. L'excédent de 1,6 milliard d'euros attendu pour la CNAV (au moment même où on nous dit que les retraites sont menacées et qu'il faudrait les " pérenniser " en faisant cotiser plus longtemps) serait donc finalement détourné par l'État... au profit des bourgeois et des patrons.

Les médias préfèrent clamer que les salariés du privé vont subventionner les retraites des fonctionnaires, histoire d'opposer les salariés du secteur privé à ceux du secteur public, au lieu de dire que l'État fait une fois de plus main-basse sur des fonds de la Sécu.

Partager