Astreintes : Les travailleurs corvéables à merci ? non merci !18/10/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/10/une1785.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Astreintes : Les travailleurs corvéables à merci ? non merci !

Le gouvernement Raffarin est en train de réformer la loi Aubry sur les 35 heures en faisant voter par l'Assemblée nationale le projet préparé par François Fillon, ministre du Travail. Les nouvelles dispositions permettront aux patrons d'avoir recours, plus facilement et plus économiquement, aux heures supplémentaires, portant le maximum d'heures supplémentaires autorisé de 130 à 180 heures annuelles. Mais une nouvelle disposition vient encore d'ajouter son pesant d'arbitraire patronal, celle qui consiste à assimiler les périodes d'astreinte pendant lesquelles le salarié n'a pas à intervenir à des périodes de repos.

Cette mesure revient sur une décision de la Cour de cassation de juillet dernier qui assimilait le temps pendant lequel le salarié reste à la disposition de l'entreprise, c'est-à-dire le temps d'astreinte, à du temps de travail, payé comme tel. Et ce n'était que normal. Un ouvrier de maintenance, tenu de rester chez lui tout un week-end parce qu'un incident peut subvenir et exiger son intervention immédiate, est en service, à la disposition de son employeur, et donc pas libre de son temps et de la façon dont il l'emploie. Qu'il soit chez lui ou à l'usine ne change rien à cela. En revenant sur cette disposition, la nouvelle loi Fillon " permettra à un patron de placer régulièrement un salarié sous astreinte pendant ses repos hebdomadaires ou quotidiens " dénonce FO. Et c'est bien ce qui risque de se passer pour un cheminot, un électricien ou tout ouvrier de maintenance du secteur public ou privé, qui sera désormais considéré comme étant en repos (et ne sera donc pas payé) lorsqu'il sera en astreinte. En somme, les salariés à la disposition de l'entreprise, sans autre limite que le plafond des 180 heures supplémentaires maximum, voilà l'objectif du Medef et de Fillon, qui a osé défendre son projet en déclarant : " Avec les techniques modernes et les portables, l'astreinte est peu contraignante pour la vie personnelle ". Ben voyons !

La loi Aubry a généralisé la flexibilité des horaires de travail, transformant la diminution officielle de l'horaire de travail en aggravation des conditions de travail et de salaires pour la plupart de ceux qui étaient concernés. Aujourd'hui, la réforme Fillon accentue encore cette dégradation, pour le plus grand profit de tous les patrons, petits, moyens et grands. Reste à savoir si les salariés accepteront de se plier sans réagir aux règles et autres textes.

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