17 octobre : L'éducation nationale en grève18/10/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/10/une1785.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans l'enseignement

17 octobre : L'éducation nationale en grève

Le 17 octobre, les syndicats de l'enseignement appellent à la grève et à des manifestations dans tout le pays. De façon générale, il s'agit de protester contre les nouvelles réductions d'emplois programmées dans le budget 2003 de l'Éducation nationale. À l'heure où la police bénéficie de toutes les attentions du gouvernement, l'Éducation nationale voit ses moyens réduits en termes aussi bien de crédits que d'embauches.

Mais au-delà, cette journée devrait être un premier pas pour se retrouver demain avec tous les autres travailleurs contre les attaques du gouvernement. C'est dans cette perspective qu'elle devrait s'inscrire. Mais ce n'est pas dans cet esprit que les syndicats ont programmé leur initiative. Ils ne disent rien, et c'est une attitude délibérée, à la suite qu'ils entendent donner à cette journée.

Dans les établissements scolaires, il ne fait pas de doute que les mesures prévues vont encore aggraver la situation. Cinq mille six cents postes de surveillants vont disparaître. Ils sont pourtant en nombre bien insuffisant. Dès que la situation se tend dans un lycée ou un collège, débouchant parfois sur des actes de violence, la revendication qui surgit est presque toujours de réclamer des surveillants supplémentaires. Ceux qui existent ne peuvent à la fois surveiller l'entrée, la cour et faire la permanence. Il en est de même des aides-éducateurs, qui au fil des ans ont pris en charge des fonctions aussi indispensables que l'aide aux devoirs ou la maintenance informatique, quand ils ne suppléaient pas au manque de surveillants ou d'aides-documentalistes. Vingt mille de ces emplois-jeunes devraient être supprimés dès 2003. Aucune augmentation du nombre d'enseignants n'est prévue dans les lycées et collèges, alors qu'elles seraient indispensables pour pouvoir réduire les effectifs, de dédoubler les classes et permettre d'accorder l'attention nécessaire à chaque élève. Quant à l'enseignement primaire, ce ne sont pas les 1 000 postes en plus annoncés (pour plus de 50 000 écoles !) qui empêcheront que de plus en plus d'enfants n'apprennent jamais à lire, à écrire et à compter correctement. Le ministre pourra donc continuer à disserter sur l'illettrisme ! De même, les agents assurant l'entretien et les cantines scolaires sont en nombre bien trop réduit, et le minimum indispensable pour faire fonctionner l'établissement n'est souvent atteint que grâce au renfort de CES. En fait, partout, c'est à l'embauche de personnel précaire que le ministère a recours pour boucher les trous. Le rectorat de Créteil est ainsi lancé dans une campagne de recrutement de vacataires : " Goûtez à l'enseignement, devenez vacataires ". Il serait plus honnête de dire : " Embauchez-vous pour 200 heures par an, payées souvent avec des mois de retard, et sans droit aux congés payés ni maladie !

Tout cela suffirait déjà amplement à justifier la grève. Mais ces attaques du gouvernement contre le personnel de l'Éducation nationale s'inscrivent en outre dans un cadre plus général, celui de l'offensive que Chirac et Raffarin mènent contre l'ensemble du monde du travail, et en particulier leur intention de s'en prendre aux retraites. Les organisations syndicales appellent à des journées successives en ordre dispersé. Les enseignants quinze jours après les électriciens et un mois avant les cheminots. Il faudra bien nous retrouver tous ensemble dans la rue contre les responsables d'une politique qui, en fin de compte, est la même, dirigée contre l'ensemble des salariés. Et ces responsables, ce sont les gouvernants à la botte du patronat continuant ce que le gouvernement précédent avait commencé. Un succès de la journée du 17 octobre pourrait être une étape dans cette perspective.

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