Proche-Orient : La politique coloniale et raciste du gouvernement israélien11/10/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/10/une1784.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Proche-Orient : La politique coloniale et raciste du gouvernement israélien

Le lundi 7 octobre, l'armée israélienne s'est déchaînée contre la population d'une bourgade de la bande de Gaza. Il n'était pas cinq heures du matin quand une vingtaine de chars, accompagnés des troupes d'assaut, ont fait irruption à Khan Younès. Dix Palestiniens ont été tués et quarante autres blessés. Quelque temps plus tard, alors que la population commençait à sortir de chez elle, ce sont des hélicoptères qui ont tiré, faisant de nouvelles victimes. Puis ce fut au tour de l'hôpital d'être pris pour cible par des soldats qui ont alors grièvement blessé huit personnes dont un jeune garçon de quatorze ans.

Après chaque acte criminel commis par l'armée israélienne, la justification des autorités est la même : il s'agissait de s'en prendre à des " nids de terrorisme ". Mais alors, pourquoi viser un hôpital ou une foule désarmée ? En réalité, l'armée israélienne agit comme si elle avait la volonté de terroriser la population palestinienne, de la pousser à l'exil et de lui voler un maximum de terres pour la donner à des colons.

La politique de l'État d'Israël est en fait une politique coloniale et raciste, menée par des individus qui ne le sont pas moins. À commencer par Sharon lui-même. Cet homme a débuté sa carrière militaire en commandant la tristement célèbre Unité 101, unité de l'armée israélienne spécialisée dans les actions punitives. Le socialiste Ben Gourion, considéré comme le père d'Israël et qui gouvernait alors, nia longtemps l'existence de cette unité, responsable entre autres du massacre de Kibya (octobre 1953), qui fit soixante-neuf morts, essentiellement des femmes et des enfants. Quelque temps plus tard, après la Guerre des Six jours de 1967, Sharon, devenu général, affirmait pouvoir faire régner l'ordre du Maroc à la Turquie. Et c'est ce même homme qui, au début des années 1980, lança l'armée israélienne dans l'aventure guerrière au Liban.

Qui se ressemble s'assemble. Dans le même gouvernement que Sharon siégeait, jusqu'à son assassinat par un commando du FPLP, un certain Zeevi, ministre du Tourisme au demeurant, qui s'était fait connaître après la guerre de 1967 par ses " safaris " - véritable chasse à l'homme contre les fedayins infiltrés dans la vallée du Jourdain - auxquels il aimait inviter ses amis. Après sa démobilisation il fut mis en cause pour trafic d'héroïne, puis il fonda un parti qui prôna l'expulsion des Palestiniens.

Certes, dans le gouvernement israélien d'autres font cause commune avec Sharon, en l'occurrence les travaillistes, dont le verbe et le geste apparents ne vont pas tout à fait jusqu'à de telles extrémités. De leur part, cela signifie seulement que c'est avec plus d'hypocrisie qu'ils sont complices de la politique criminelle menée à l'égard de la population palestinienne.

Mais heureusement qu'en Israël même des hommes et des femmes, quoique peu nombreux encore, font entendre une autre voix. Après les officiers réservistes qui refusèrent de participer aux opérations militaires en Cisjordanie et à Gaza, ce sont aujourd'hui 130 universitaires qui pointent du doigt la politique criminelle du gouvernement Sharon, se déclarant notamment " horrifiés par la préparation aux États-Unis de l'agression contre l'Irak, et par le soutien enthousiaste que lui apporte la classe politique israélienne ". Et ils ajoutent : " Nous sommes profondément inquiets des indications selon lesquelles le "brouillard de la guerre" pourrait être exploité par le gouvernement israélien pour commettre de nouveaux crimes contre le peuple palestinien, pouvant aller jusqu'à un véritable nettoyage ethnique. La coalition au pouvoir en Israël comporte des partis qui recommandent le "transfert" des Palestiniens comme une solution à ce qu'ils appellent "le problème démographique"(...) L'escalade de la démagogie raciste vis-à-vis des citoyens palestiniens d'Israël pourrait bien indiquer l'étendue des crimes qui risquent d'être commis (...) "

On ne peut que souscrire à cette dénonciation et souhaiter que la prise de conscience gagne du terrain parmi la population israélienne qui, elle aussi, en réalité est victime à sa façon de la politique de guerre dans laquelle l'entraînent ses dirigeants.

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