Française de mécanique - Douvrin (Pas-de-Calais) : Mort pour le profit11/10/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/10/une1784.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Française de mécanique - Douvrin (Pas-de-Calais) : Mort pour le profit

Fabrique de moteurs, filiale de Renault-Peugeot, la Française de Mécanique emploie 5 800 salariés dont environ 1 000 intérimaires.

A la Fonderie, vendredi soir 27 septembre, un de nos camarades a été écrasé par sa machine et est décédé le lendemain à l'hôpital des suites de ses blessures.

Ce salarié, intérimaire, était à son poste de travail et faisait un travail de réglage habituel, comme d'autres le faisaient tous les jours en début de poste. Mais il a été coincé par les mouvements d'une pelle hydraulique, dont sa présence à cet endroit aurait dû interdire le mouvement. Il y avait paraît-il une sécurité, mais elle n'a pas empêché le mouvement de la pelle. Il a fallu ensuite trois quarts d heure à l'équipe de secours pour libérer ce camarade, comprimé entre la pelle et le plateau de chargement des pièces. Réanimé à trois reprises pour arrêt cardiaque, il a été emmené à l'hôpital dans un état extrêmement grave et n'a donc pas survécu.

Cette machine était considérée comme dangereuse, même si cela n'a pas empêché la direction de déclarer à la presse que la machine était conforme et vérifiée régulièrement. Un salarié, embauché, avait même refusé d'y travailler parce qu'il ne s'y sentait pas en sécurité. Pour un intérimaire, il était évidemment plus difficile de refuser le travail.

On sait bien ce que valent les déclarations des responsables sur notre sécurité au travail, eux qui dépensent beaucoup d'énergie surtout pour qu'on ne déclare pas les accidents du travail ou qu'on les minimise en limitant les jours d arrêt (quitte à nous trouver des postes " allégés " ou à nous payer le taxi pour nous faire venir au boulot).

La FM bat pourtant des records de production (presque 10 000 moteurs par jour) mais investir pour l'entretien des machines et leur sécurité n'est pas la préoccupation de la direction. Dans les anciens ateliers, il est fréquent de se retrouver à travailler sur de vieilles machines qu'on a équipées d'un système de sécurité pour être aux " normes ", mais c'est une sécurité à minima. C'était le cas sur la machine où l'accident s'est produit. C'est là la vraie cause de la mort de notre camarade, qui laisse derrière lui une famille avec quatre enfants.

Il est inadmissible que l'on puisse encore mourir dans ces conditions aujourd'hui. C'était la réflexion la plus couramment entendue le lundi suivant dans les ateliers. Mais, pendant que les patrons de l'automobile accumulent des records de profits, les conditions de travail, au lieu de s'améliorer, se dégradent jusqu à être la cause d accidents mortels. Révoltant !

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