Centrale thermique du Moule (Guadeloupe) : Trois semaines de grève pour faire appliquer la loi !11/10/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/10/une1784.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Centrale thermique du Moule (Guadeloupe) : Trois semaines de grève pour faire appliquer la loi !

En Guadeloupe, depuis trois semaines, les travailleurs de la Centrale Thermique du Moule (CTM, centrale privée fournissant de l'énergie à EDF) sont en grève pour obtenir le statut des personnels des industries électriques et gazières. En effet, tant que la production d'électricité est soumise au contrôle de l'EDF, tout producteur de gaz, de vapeur ou de toute autre forme d'énergie visant à produire de l'électricité, même privé, doit donner à ses salariés le même statut que les travailleurs d'EDF. C'est la loi et c'est ce qui se fait en France... mais pas en Guadeloupe ! Les salariés de deux centrales de la Réunion sont également concernés par ce problème.

Malgré plusieurs injonctions préfectorales et ministérielles reconnaissant le bien fondé de la revendication des travailleurs, la direction de la CTM s'obstine dans son refus et son mépris des salariés. Après avoir prétendu que ces travailleurs produisaient de la vapeur et non de l'électricité, elle réclame aujourd'hui une décision du Conseil d'État.

Cette entreprise, qui a bénéficié de nombreuses aides de l'État pour s'installer, est pourtant des plus prospères. Elle réalise l'équivalent de 60 millions de francs de bénéfice annuel. L'application du statut, qui entraînerait un surcoût de 5 millions de francs par an, ne priverait donc les actionnaires que d'une petite partie de leurs dividendes.

Cette centrale, qui fonctionne à partir de déchets de canne à sucre et de charbon, est couplée au réseau électrique de l'île et lui fournit près de 30 % de son électricité. La grève se traduit donc par des coupures tournantes de courant, EDF procédant à des délestages.

De leur côté, les grévistes ont fait largement connaître les raisons de leur lutte par des prises de parole et des distributions de tracts, et la population leur a réservé un accueil chaleureux. Avec l'aide des militants de la CGT-Guadeloupe, ils sont également intervenus devant plusieurs entreprises. La solidarité s'est traduite notamment par des débrayages dans l'usine sucrière de Gardel, voisine de la CTM.

Quant aux autorités locales, elles affichent d'autres solidarités : le tribunal statuant en référé a ordonné l'évacuation des grévistes sous astreinte de 1000 euros par jour et des CRS ont été dépêchés aux abords de la Centrale, non pour obliger la direction à respecter la loi mais pour intimider les travailleurs. Les grévistes restent néanmoins très déterminés.

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