Les listes complémentaires : Une combine pour ne pas recruter27/09/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/09/une1782.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Enseignement

Les listes complémentaires : Une combine pour ne pas recruter

A chaque rentrée, dans les écoles primaires et maternelles, il manque de nombreux professeurs des écoles (ceux qu'on appelait les instituteurs). Pour faire occuper les postes vacants, au fur et à mesure que les besoins se découvrent, l'Education nationale fait appel à ceux qu'elle a officiellement recalés aux concours du printemps précédent, mais qui figurent sur une liste de non-admis appelée " liste complémentaire ". De fait, en fonction de leur position sur cette liste, ces derniers sont tous appelés à enseigner, à un moment ou à un autre de l'année.

Cette situation n'a fait que se développer depuis une décennie. Elle est aujourd'hui massive. Ainsi, en 2000, 35 % des professeurs des écoles recrutés l'ont été sur liste complémentaire. Cette année, cela reste du même ordre : il devrait y en avoir 5 000 à l'échelle du pays. Dans l'Académie de Lille par exemple, pour 845 admis, 772 autres candidats figurent sur la liste complémentaire ; dans l'Académie de Paris, 240 admis contre 211.

Pourquoi les candidats de la liste complémentaire ne seraient-ils pas admis directement au concours, alors qu'ils sont nommés quelques mois plus tard ? Là est l'astuce. Alors que les admis vont se former pendant un an dans les Instituts universitaires de formation des maîtres, les autres vont immédiatement occuper des postes vacants, leur formation ne commençant que l'année suivante. A ce moment-là, d'autres " listes complémentaires " viendront occuper les postes laissés vacants, et ainsi de suite.

Les jeunes nommés de cette façon se retrouvent bien souvent sur les postes les plus difficiles, dont personne ne veut. En particulier, nombre d'entre eux vont occuper sans aucune formation des postes de l'éducation dite " spécialisée ", classes pour élèves en difficulté, ou ayant de lourds handicaps, ou encore classes destinées à l'apprentissage du français pour des jeunes nouvellement arrivés dans le pays. Tout cela du jour au lendemain, sans préparation, sans aucune formation.

Cette façon d'agir est à la fois préjudiciable aux jeunes enseignants qui débutent dans ces conditions déplorables, mais aussi aux élèves, souvent retardés ou scolairement handicapés, qui auraient pourtant besoin d'enseignants chevronnés, capables d'affronter des situations plus difficiles. Mais, pour recruter au minimum, on lésine sur les moyens d'un secteur déterminant et les gouvernements successifs ont mis en place ce mic-mac sans fin.

L'instruction et l'éducation des jeunes exigeraient que l'on y mette fin en augmentant massivement, une bonne fois pour toutes, les recrutements des enseignants nécessaires dans les maternelles, les écoles primaires et les classes spécialisées. Tout le contraire des intentions du gouvernement Chirac-Raffarin-Ferry-Darcos.

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