Moulinex : Un an après le dépôt de bilan, la faillite du système13/09/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/09/une1780.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Moulinex : Un an après le dépôt de bilan, la faillite du système

Il y a un an, le 11 septembre 2001, 3 200 travailleuses et travailleurs de Moulinex étaient licenciés. Déclaré en faillite, le groupe Moulinex-Brandt avait en effet décidé de fermer immédiatement ses trois usines du Calvados et celle d'Alençon dans l'Orne.

Les quatre autres usines Moulinex furent rachetées par le groupe SEB et, bien sûr, le gouvernement mit en place une commission censée reclasser les salariés et " redynamiser " l'économie locale.

Un an après, il est temps de faire le bilan : la situation est toujours aussi catastrophique, sinon pire. En juillet, le délégué interministériel a osé déclarer que 60 % des anciens de Moulinex " avaient trouvé une solution " ; mais en septembre, sur les 3 200 licenciés, 229 seulement ont un emploi stable, en contrat à durée indéterminée. Certains ont un emploi précaire : par exemple, ils sont 67 à avoir été embauchés en CDD, sur les 1 272 licenciés de Cormelles-le-Royal dans la banlieue de Caen. Les autres ont eu, au mieux, quelques jours de travail en intérim. Une ouvrière interrogée par Le Parisien expliquait récemment que, depuis son licenciement, elle n'avait pu travailler que deux jours. Les évaluations sont bien souvent contradictoires. Mais quelles que soient les sources, il est évident que l'immense majorité des ex-Moulinex sont aujourd'hui sans emploi.

Au même moment, SEB, repreneur de la partie rentable de Moulinex, a annoncé une progression de 36 % de son chiffre d'affaires au premier trimestre 2002 et une hausse de son action de 31 % depuis le 1er janvier ! Son PDG s'est félicité de ce que le redémarrage des usines Moulinex-Krups se soit fait sans trop de pertes : 12 millions d'euros seulement !

Les villes sinistrées, les travailleurs angoissés par la perspective de ne plus retrouver de travail après 25 ou 30 ans d'usine, les indemnités de chômage qui diminuent comme une peau de chagrin (moins 20 % au 1er septembre), voilà des pertes que les patrons ignorent.

C'est pourtant bien leur bilan et, pour un groupe comme Moulinex dont on parle encore, combien d'autres licencient et contribuent, sans bruit, à ruiner des régions ?

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