Fillon : Des heures supplémentaires au profit des patrons13/09/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/09/une1780.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fillon : Des heures supplémentaires au profit des patrons

Les patrons auront encore plus de liberté pour fixer la durée hebdomadaire du travail. C'est le sens du projet de décret qu'a présenté aux syndicats et au patronat François Fillon, le ministre des Affaires sociales. 180 heures supplémentaires pourront être effectuées chaque année, au lieu de 130 actuellement. La possibilité de récupérer en temps une partie de ces heures n'existera plus, contrairement à ce qui est le cas actuellement pour quatre heures supplémentaires, au moins sur le papier. Les heures supplémentaires seraient donc payées, et non récupérables, plus mal payées d'ailleurs, puisque le texte prévoit la possibilité, au gré des accords de branche, de ne les majorer que de 10 % au lieu de 25 % comme c'est aujourd'hui le cas dans les entreprises de plus de 20 salariés.

Le Medef a donc des raisons de jubiler. Il a mis en sourdine ses critiques contre le projet gouvernemental relatif à la durée légale du travail. Ces critiques portaient surtout sur le fait que le décret en question ne soit pas définitif. À vrai dire, la réglementation actuelle en matière de temps de travail ne gênait guère le grand patronat. La loi Aubry autorisait une large flexibilité des horaires et leur permettait déjà d'aligner la durée hebdomadaire du travail sur les besoins de leur production, sans avoir en plus massivement recours à des heures supplémentaires. Dans les grandes entreprises, les accords signés aux différents niveaux leur avaient donné toute satisfaction. Mais le fait que le gouvernement entérine le droit patronal à imposer toujours plus d'heures supplémentaires va dans le sens du Medef. Celui-ci voudrait que les patrons aient les mains entièrement libres dans tous les domaines et n'hésite pas à parler de " carcan " lorsque existe la moindre limitation de leur droit : celui de fixer librement les salaires, les conditions de travail sur la base du rapport de force qui leur est aujourd'hui favorable. Chaque nouveau pas dans ce sens est pour l'organisation patronale un tremplin vers l'étape suivante dans la voie du démantèlement des acquis favorables aux salariés.

Mais, à force de pousser sans cesse toujours plus loin le bouchon, ce patronat et le gouvernement à son service pourraient provoquer la réaction de colère du monde du travail qui inverse ce rapport de force. Et le plus vite serait le mieux.

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