Tout le monde ne le sait peut-être pas, mais le Parlement européen n'est pas grand-chose d'autre qu'une chambre d'enregistrement des décisions prises par les États et les instances européennes, même s'il cache cela sous une feuille de vigne démocratique.

Pour avaliser ce qui a été décidé en haut lieu, il se réunit quelques jours par mois en assemblée plénière, une grand-messe durant laquelle les députés peuvent afficher leurs différences, et plus souvent encore leurs convergences dans de prétendus débats ou en proposant des amendements.

Fortement encadrée et codifiée, cette procédure sans grande portée ne faisait guère illusion. Mais elle avait surtout l'inconvénient de prendre du temps. Alors, dans un de ces éclairs de lucidité dont il a la spécialité quand il se trouve confronté à des problèmes fondamentaux, le Parlement européen vient de se doter d'une nouvelle procédure pour éliminer ce petit inconvénient. Dorénavant, les rapports adoptés à plus de 90 % par les députés membres des commissions préparatoires viendront au vote de l'assemblée sans possibilité ni de les amender ni d'en discuter (sauf, tout de même, demande contraire et sous certaines conditions).

De 200 votes à l'heure, le Parlement pourra ainsi passer à 300. Le décorum démocratique en prendra un petit coup. Mais à cette vitesse, qui s'en apercevra ?