Le PDG de TotalFinaElf à Toulouse : Un petit tour pour rien06/09/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/09/une1779.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le PDG de TotalFinaElf à Toulouse : Un petit tour pour rien

Le PDG du groupe TotalFinaElf, Desmarest, venu à Toulouse le 30 août, a rencontré le maire, le préfet, les présidents du Conseil général, de la région. Mais en dehors des officiels, la visite a déçu et mécontenté tout le monde. C'était " une visite de courtoisie " disait la presse locale. Mais courtoise pour qui ? En tout cas, pas pour les victimes, les sinistrés, les salariés de l'usine AZF qui a explosé il y a presque un an, le 21 septembre 2001.

Aux salariés d'AZF, il a répété ce qu'il dit depuis un an, à savoir qu'une " solution d'emploi sera trouvée pour chacun ". Mais il a refusé de signer l'engagement plus précis que le syndicat FO-AZF lui proposait : " Le maintien et la garantie d'un emploi sur Toulouse pour tous les salariés du site ; maintien, quelle que soit la solution adoptée, de l'intégralité des salaires et des primes tels qu'ils étaient à la date du 21 septembre 2001, et cela jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée et adoptée par toutes les parties ". Ce refus en dit plus long sur ses intentions réelles que ses phrases creuses.

L'après-midi, Desmarest a reçu les représentants des associations qui lui ont demandé de prendre sur ses profits pour dédommager les sinistrés, financer les travaux et garantir les revenus de tous les travailleurs déjà licenciés ou menacés. Desmarest les a assurés de sa " compassion ", mais a refusé avec morgue de changer quoi que ce soit aux procédures mises en place.

Sur les profits du groupe, il a ironisé avec cynisme : " Heureusement que nous avons fait beaucoup de profits, cela a permis de faire face à la catastrophe ". Sur les travailleurs licenciés d'AZF, il a déclaré : " Je me sens responsable de mes salariés et il y aura un plan social exemplaire ". Par contre pour les autres salariés (sous-traitants ou des entreprises avoisinantes), il a dit : " Je ne suis pas la direction départementale du travail et de l'emploi ", tout en se tournant vers les représentants des pouvoirs publics présents dont le préfet qui opinait du chef. Les sous-traitants n'ont donc le droit que de figurer sur la stèle érigée en l'honneur des 22 morts du site, mais pas dans le plan social.

Enfin, sur les causes de l'explosion, Desmarest s'est dédouané en déclarant dans une interview : " La justice cherche des coupables, plutôt que la vérité. Et quand le coupable est riche, c'est encore mieux ". Lui, Desmarest, " cherche la vérité sans préjugé " paraît-il, mais il a un préjugé de taille puisqu'il " repousse toujours la piste de l'accident chimique, privilégiée par les experts judiciaires ". La thèse officielle de Total demeure : " Des anomalies, des phénomènes bizarres, des problèmes électriques, le problème étant d'arriver à trouver un fil conducteur ".

Mais le fil conducteur crève les yeux : c'est la recherche maximum de profit, par la réduction incessante des effectifs, ou l'utilisation de la sous-traitance. Il n'y vraiment pas de plus grand aveugle que celui qui ne veut pas voir !

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