Education : Ferry digne successeur d'Allègre et de Lang06/09/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/09/une1779.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Education : Ferry digne successeur d'Allègre et de Lang

Xavier Darcos, le ministre délégué à l'Enseignement scolaire, a jeté un pavé dans la mare en annonçant 2 000 à 3 000 postes de moins pour la rentrée 2003. Luc Ferry, ministre de l'Éducation, a tout de suite précisé qu'il ne s'agissait pas de postes d'enseignants mais d'administratifs et que, de toute façon, c'était pour 2003 ; on avait le temps de voir venir. Si gouverner, c'est prévoir, ses prévisions sont à court terme !

En fait, du côté enseignant, cela veut dire en clair que le ministère n'envisage pas de création de postes, dans le secondaire en tout cas, et qu'il imposera, comme d'habitude, les heures supplémentaires et les emplois précaires qui se chiffrent par dizaines de milliers.

Quant aux administratifs, que le ministre semble traiter de haut, ils sont tout aussi indispensables au bon fonctionnement de l'école, en particulier les surveillants ; mais il envisage de supprimer leurs postes avec le projet d'en faire supporter plus tard le recrutement et la paye aux budgets des régions.

L'argument est, encore une fois, la baisse des effectifs : il y aurait 21 000 élèves de moins dans le secondaire en 2003. Luc Ferry dénonce aussi la politique passée, il veut en finir, dit-il, avec la politique du " saupoudrage ", cette création démagogique de quelques centaines de postes supplémentaires, qui n'a pas réussi à augmenter le nombre de bacheliers ni à lutter contre l'échec scolaire. Il s'agit maintenant, selon lui, de donner aux enfants de vrais moyens d'apprendre... grâce à un saupoudrage tout aussi démagogique : la création de 1 000 emplois d'instituteurs en 2003 pour 40 000 élèves de plus. Autant dire que la fin des classes surchargées n'est pas pour demain.

Comme on le voit, celui qui fut durant huit ans un proche collaborateur des précédents ministres de l'Éducation n'a pas oublié la leçon ! Un bon élève d'ailleurs, si on en croit Jack Lang qui, au moment de la passation de pouvoirs, louait la " loyauté absolue " de ce zélé président du Conseil national des programmes !

Tout cela, en effet, n'est pas nouveau. François Hollande, le numéro 1 du Parti Socialiste, appelant Victor Hugo à la rescousse, a proclamé que " pour fermer des prisons, il faut créer des écoles " ! Mais il convient mal aux socialistes de stigmatiser une politique qui, de façon tonitruante ou feutrée, fut aussi celle de Claude Allègre puis de Jack Lang.

Depuis des années, les moyens accordés à l'Éducation sont très insuffisants par rapport aux besoins. Depuis des années, les parents manifestent contre les fermetures de classes décidées dès que l'effectif global d'une école baisse, parfois de quelques unités. Depuis des années aussi, les classes sont pléthoriques, les enseignants absents remplacés tardivement ou pas du tout, les postes précaires multipliés pour ajuster les effectifs au budget.

Et s'il est vrai que la création de quelques centaines de postes est inefficace, c'est parce qu'il en faudrait des milliers. A l'école primaire en particulier, pour les enfants en difficulté, dans des milieux défavorisés où ils ne peuvent bénéficier d'aucune aide, ce serait le seul moyen d'apprendre enfin à lire et à écrire.

Faute de cela, le reste n'est que bavardage, de droite ou de gauche.

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