Avec le gouvernement Chirac-Raffarin, la bourgeoisie avance sans masque06/09/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/09/une1779.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Avec le gouvernement Chirac-Raffarin, la bourgeoisie avance sans masque

Dopé par les 82 % de voix obtenues par Chirac au deuxième tour de la présidentielle avec l'aide de la gauche, le gouvernement Chirac-Raffarin se croit tout permis dans le domaine social.

La dernière des mesures annoncées contre les classes populaires serait la suppression de plusieurs milliers de postes à l'Éducation nationale. Cette déclaration, dimanche matin 1er septembre, de la suppression de 2 à 3 000 postes à l'Éducation nationale a été suivie le soir même d'une explication gênée du ministre qui a prétendu qu'il ne s'agissait pas de postes d'enseignants mais d'administratifs et de surveillants.

Enseignants ou pas, les tâches administratives devront être faites par quelqu'un au détriment du temps consacré à l'instruction. Il est peut-être dans l'intention de Chirac-Raffarin de faire remplacer les surveillants par des policiers ? Mais ceux-là rempliront-ils les papiers administratifs ? Aideront-ils au dialogue avec les élèves ou aux relations avec les parents ?

Le prétexte est une diminution de 21 000 élèves dans le secondaire l'année prochaine. Le ministre affirme que là où le nombre d'élèves augmente, c'est-à-dire dans le primaire, il va créer des postes en plus. Cependant, pour 21 000 élèves de moins dans le secondaire, il va supprimer 3 000 postes, tandis que pour 41 000 élèves en plus dans le primaire il n'en créera que 1 000, c'est-à-dire un poste pour 41 élèves.

Alors, on n'en a pas fini avec les classes surchargées et les élèves en retard scolaire chronique dont les enseignants ne pourront pas s'occuper. Comme si la situation de l'Education nationale était bonne. Comme si tous les enseignants avaient des effectifs d'élèves réduits pour pouvoir donner un enseignement adapté à chaque élève. Les familles aisées peuvent envoyer leurs enfants dans les écoles privées, mais les autres ?

De plus, c'est dans le primaire que tout se joue et, avec la décentralisation, ce sont les communes qui fournissent les moyens matériels des écoles primaires, et il y a une inégalité criante entre les communes riches et les communes pauvres. La dotation financière annuelle moyenne en équipements matériels varie de 1 à 10 entre les unes et les autres. De toute façon, la dotation en matériel, en livres, en informatique, toujours en moyenne, n'est que de 34 euros par an pour un élève de classe maternelle et de 39 euros par an pour un élève du primaire.

Par ailleurs, le gouvernement prévoit de nouvelles diminutions des charges patronales sur les salaires et une nouvelle diminution d'impôts qui profitera surtout aux contribuables les plus riches, au détriment de tout ce qui est services publics.

L'impôt qui alimente le budget de l'État pourrait permettre une redistribution des richesses par des services publics améliorant la vie de tous, comme justement l'Éducation nationale, les hôpitaux, les transports en commun, les habitations modernes et confortables à loyer modéré. Mais non, tout est détourné au profit de la bourgeoisie et surtout vers les plus riches de ses membres.

Une fois de plus, les partis de gauche, par leur politique au pouvoir, ont mené, à la place de la droite, la politique du patronat contre les travailleurs. Et une fois qu'ils se sont déconsidérés, ils ont perdu leur électorat face à la droite avec, en plus, le déshonneur d'avoir fait voter Chirac, renforçant ainsi, devant l'opinion, l'actuel gouvernement.

Mais tout n'est pas perdu. Le monde du travail n'a rien perdu de sa force même s'il a été trompé par les partis de gauche lorsqu'ils étaient au pouvoir. Il peut faire reculer le gouvernement de droite comme il l'a fait par les grèves de 1995 contre le gouvernement Juppé.

C'est pourquoi nous devons cette année nous préparer à mener, par la lutte et la grève, une contre-offensive contre le patronat et l'État.

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