Stations-service... sans service30/08/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/08/une1778.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Stations-service... sans service

Les groupes pétroliers remplacent de plus en plus de stations-service avec personnel et magasin par des pompes entièrement automatisées. Ainsi Esso, qui a déjà installé 90 stations automatisées depuis 18 mois, va en installer encore 30 d'ici janvier, et devrait à terme en avoir 220. Total, qui dit hypocritement " avoir fait un choix différent ", a déjà mis en place 200 distributeurs automatiques pour les camionneurs. Et si Shell n'en est qu'à une demi-douzaine, c'est au titre de " test ".

Or, outre les emplois qu'elles représentent, ces stations-service ont souvent un rôle social, en particulier dans les quartiers pauvres. Les clients peuvent y faire quelques petites courses, ou demander un conseil pour un problème de voiture. Les handicapés peuvent se faire servir, et tous ceux qui n'ont pas de carte bancaire peuvent quand même acheter de l'essence, ce qui n'est plus le cas avec les stations automatiques. Ainsi, dans le quartier des Provinces à Cherbourg, un des plus pauvres de France, où une personne sur deux ne possède pas de carte bancaire, des habitants se mobilisent contre l'automatisation de la station Esso, la seule du quartier. Cette station, qui emploie six personnes, est un des petits commerces qui jouent un rôle social dans cette cité populaire.

Pour justifier les installations automatisées, les groupes pétroliers disent, sans rire, qu'ils suppriment ces emplois concernés " la mort dans l'âme ", mais que ce sont les consommateurs qui veulent des bas prix. La raison de fond est plus simple : il s'agit, pour des groupes déjà extrêmement prospères, parmi les plus grosses entreprises au monde, d'économiser sur les coûts de personnel pour augmenter encore leurs profits, si possible en gagnant des parts de marché sur les grandes surfaces. Les quartiers peuvent dépérir, des emplois peuvent disparaître, pourvu que vive le profit - telle est la morale des capitalistes du pétrole comme de tous leurs semblables.

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