Sommet de la Terre : Le capitalisme n'est pas compatible avec l'avenir de la planète30/08/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/08/une1778.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Sommet de la Terre : Le capitalisme n'est pas compatible avec l'avenir de la planète

Il n'y a aucune raison que le sommet de Johannesburg débouche sur quelque chose de plus positif que le précédent, tenu en juin 1992 à Rio de Janeiro (Brésil). Dix ans après, le constat, que personne d'ailleurs ne conteste, est édifiant : aucun des engagements pris à Rio n'a été respecté. Aucun des pays riches n'a consacré 0,7 % de son PIB pour aider au développement des pays pauvres ; la couche d'ozone qui protège notre planète des rayonnements du soleil continue à se dégrader du fait de la pollution ; les menaces pesant sur certaines espèces végétales et animales se sont accentuées ; l'agriculture intensive, la pêche industrielle, la déforestation sauvage ravagent de vastes régions, déciment les réserves, etc. ; enfin, le fossé entre pays riches et pays pauvres s'est accru.

Comment pourrait-il en être autrement ? Le fonctionnement du capitalisme fondé sur la recherche du profit, et qui plus est, du profit dans le court terme, est incompatible avec une gestion rationnelle de notre environnement naturel comme avec la satisfaction des besoins de la collectivité.

La crise du système capitaliste engendre un gâchis humain de plus en plus effrayant, et dans le même temps une destruction de l'environnement de plus en plus sauvage.

Si quelques mesures peuvent être prises dans les pays riches pour limiter la pollution, dans les pays pauvres, le pouvoir de nuisance du fonctionnement du capitalisme ne connaît pas de frein, ou presque. En Afrique, en Asie et en Amérique latine, les multinationales de l'agroalimentaire, du bois et de la chimie, mues par la recherche du profit rapide, se soucient peu de laisser derrière elles des régions totalement dévastées, polluées pour des décennies et souvent rendues irrémédiablement stériles. Sans parler des effets sur la santé des population locales. Ainsi, en marge du sommet de Johannesburg, la porte-parole d'une ONG a dénoncé la commercialisation en Afrique, en toute légalité, de pesticides connus pour être dangereux pour l'environnement et les paysans qui les utilisent, et pour cela, interdits en Europe et aux États- Unis.

De même, il faut une certaine dose d'hypocrisie pour accuser les populations des pays pauvres de participer à la déforestation ou à la pollution de l'atmosphère, en utilisant abondamment du charbon de bois. Mais à quelle autre source d'énergie peuvent avoir accès les habitants des bidonvilles d'Haïti, d'Inde ou d'Afrique, qui ne disposent que de quelques francs par jour pour vivre ? En revanche, aux États-Unis, qui sont les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre du monde par tête d'habitant, le gouvernement pourrait imposer des normes plus restrictives en matière de rejets dans l'atmosphère, mais il ne veut rien imposer qui puisse nuire à la compétitivité et aux profits des industries.

La question de l'eau devrait également figurer au rang des priorités du sommet de Johannesburg. C'est un besoin élémentaire qui est loin d'être satisfait à l'échelle de la planète, alors que les ressources existent. Mais les industries polluantes ne veulent pas payer, et personne ne songe à les y contraindre. Quant aux régions où les populations sont trop pauvres pour payer les infrastructures et les services nécessaires au traitement des eaux, elles n'intéressent pas les trusts comme Vivendi ou la Lyonnaise des Eaux.

Quant à combler - ne serait-ce qu'un peu - le fossé entre pays riches et pays pauvres, cela relève d'une sinistre plaisanterie. Les petits paysans du Tiers Monde sont condamnés à la misère ; ils ne peuvent résister à la concurrence des grandes exploitations des pays industrialisés. A cela s'ajoute le fait que les grandes puissances céréalières, comme les États-Unis ou l'Union Européenne, ont les moyens de subventionner leurs exportations agricoles pour conquérir de nouveaux marchés. Quant aux États, ils sont étranglés par le poids de leur dette et la rapacité des banquiers internationaux.

En fait, le " développement durable " n'est pas conciliable avec le fonctionnement capitaliste de l'économie. Il n'y a qu'une société communiste, plus soucieuse des intérêts collectifs que des intérêts d'une minorité de possédants, capable d'organiser la production à l'échelle de la planète et de la gérer dans la durée, qui pourra y prétendre.

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