Rentrée scolaire : " l'école gratuite " coûte cher30/08/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/08/une1778.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Rentrée scolaire : " l'école gratuite " coûte cher

Des associations de familles viennent de publier leurs estimations du coût de la rentrée scolaire, qui a lieu dans quelques jours pour la plupart des jeunes. Comme chaque année, les parents doivent faire face à des dépenses de plus en plus importantes, tandis que l'allocation versée par l'État à cette occasion aux familles les moins aisées reste largement insuffisante pour répondre aux besoins des enfants.

Les sommes nécessaires pour l'achat des fournitures, cartables, livres, vêtements de sport, etc., peuvent en effet atteindre des niveaux considérables : dès l'école primaire, il faut compter, en fonction des classes, entre 100 et 158 euros, et au collège, autour de 320 euros. Mais c'est surtout à partir des classes de seconde que les dépenses de rentrée s'envolent : en moyenne, 553,28 euros pour une seconde générale, et bien plus dans les sections spécialisées - 728, 29 euros pour une seconde technologie industrielle, par exemple, et 651,68 euros pour une 1re année de BEP industriel.

Ces dépenses, indispensables, ont augmenté en moyenne de 2,18 % par rapport à l'an dernier, c'est-à-dire plus que bien des salaires de travailleurs. Pour les familles des milieux populaires, surtout lorsqu'elles comptent plusieurs enfants, le budget du mois de septembre est donc très alourdi par la rentrée, tandis que pour les enfants de chômeurs ou de RMIstes, il est même parfois difficile de se procurer l'ensemble du matériel demandé par les enseignants.

Les moyens consentis par l'État pour aider les familles populaires à financer la rentrée scolaire de leurs enfants sont totalement insuffisants. Il existe bien une Allocation de rentrée scolaire, l'ARS, versée par la Caisse nationale d'allocations familiales au mois d'août. Cette année, l'ARS a été légèrement augmentée, de 2,1 %, et le seuil de revenus permettant d'en bénéficier modifié, de telle sorte que 33 000 familles supplémentaires ont pu toucher l'allocation. Cela a suffi à la CNAF pour se vanter de mieux prendre en compte les besoins des familles.

L'augmentation du nombre de bénéficiaires n'a pourtant rien d'extraordinaire, quand on sait que plus de 3 millions de ménages touchent l'ARS. Et surtout, même suivant l'évolution du coût de la rentrée, l'allocation, plafonnée à 249,07 euros (1 633,79 F) par enfant, ne permet toujours pas de couvrir l'ensemble des dépenses de rentrée, et cela sans compter ce qu'il faudra acheter pendant le reste de l'année.

Car si l'ARS peut aider un peu les parents à faire face aux achats exceptionnels de la rentrée, elle ne pèse pas lourd dans le budget réellement nécessaire pour financer l'éducation des enfants. Il n'y a pas qu'au mois de septembre que l'éducation coûte cher et que les jeunes des milieux populaires ne peuvent bénéficier de ce dont ils auraient besoin pour se former. Inversement, c'est toute l'année que dans les lycées des quartiers bourgeois, leurs parents peuvent payer aux élèves des livres supplémentaires, des cours particuliers s'ils sont en difficulté, et tout le matériel nécessaire pour travailler dans de bonnes conditions chez eux. Même pendant les vacances, les inégalités entre les enfants continuent à se creuser : seules les familles riches ont accès aux stages, séjours linguistiques et autres cours par correspondance, autrement plus efficaces que les cahiers de vacances traditionnels, mais aussi autrement plus chers. L'égalité n'existe pas plus pour l'éducation que dans le reste de la société. Et même si l'enseignement est gratuit, l'argent reste le principal mode de sélection dans les études.

Il serait normal que la société prenne réellement en charge la formation de la jeunesse, au lieu de laisser les parents en assumer presque seuls le poids financier. Mais comme les précédents, le gouvernement Raffarin ne parle que de restrictions budgétaires et d'économies dans les services publics. Alors, dans les quartiers populaires, les parents ne pourront compter que sur leur mobilisation, celle des enseignants et des élèves eux-mêmes, pour que l'État investisse massivement dans l'éducation.

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