Extradition vers l'Italie : Une opération de basse police30/08/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/08/une1778.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Extradition vers l'Italie : Une opération de basse police

Dimanche 25 août, l'ancien membre d'un groupe activiste italien proche des Brigades Rouges dans les années quatre-vingt, Paolo Persichetti, a été extradé de France, où il vivait depuis plus de dix ans. Ainsi, la police de Sarkozy a donné satisfaction à celle du gouvernement Berlusconi. Entre gouvernements se revendiquant ouvertement de la droite, voire de la droite la plus réactionnaire dans le cas de l'Italie, l'entraide est de rigueur. Côté français, cette extradition est particulièrement scandaleuse.

En Italie, en mars 1987, sur la base du témoignage d'un " repenti ", Paolo Persichetti avait été condamné à 22 ans et six mois d'emprisonnement pour participation à l'assassinat d'un général, ce qu'il avait nié, tandis que le " repenti " lui-même revenait un peu plus tard sur son témoignage. Bien que condamné, il put librement quitter l'Italie et trouver refuge à Paris, à la fin de l'année 1991. En 1992, il se présentait spontanément à la police française et déclarait rompre avec son passé. Dans sa démarche auprès des autorités françaises, il pouvait s'appuyer sur un engagement de Mitterrand, alors président de la République, qui en 1985 avait déclaré solennellement qu'il n'y aurait pas d'extradition d'anciens membres des Brigades Rouges italiennes réfugiés en France et ayant rompu " avec la machine infernale dans laquelle ils s'étaient engagés, le proclament, ont abordé une deuxième phase de leur propre vie, se sont insérés dans la société française... ". Cependant, Persichetti fut arrêté en novembre 1993 par la police française, lors d'une demande de renouvellement de carte de séjour, incarcéré pendant quatorze mois à la prison de la Santé, où il vécut sous la menace permanente de son extradition vers l'Italie, réclamée par le premier gouvernement Berlusconi (d'avril à fin 1994). En septembre 1994, Balladur (alors Premier ministre français) signait le décret autorisant l'extradition, décret qui n'a finalement jamais été appliqué... jusqu'à ce dimanche 25 août.

Cette extradition permet au gouvernement Raffarin de faire, aujourd'hui, en France, une nouvelle démonstration sur le terrain sécuritaire et répressif tout en donnant satisfaction au gouvernement italien. Berlusconi peut aussi, de son côté, revendiquer une certaine efficacité dans la lutte contre le terrorisme. Il s'agit pour ses services de police de procéder à l'amalgame entre l'extradé, déclaré " psychologiquement complice ", et l'assassinat, le 19 mars dernier, de l'économiste Marco Biagi, proche collaborateur du ministre italien du Travail. Cet assassinat a été revendiqué par un groupe s'intitulant " Nouvelles Brigades Rouges " dont personne ne peut dire ce qu'il est réellement et dont surtout les liens avec Paolo Persichetti sont loin d'être démontrés.

En fait, Persichetti vient de payer de sa liberté les visées politiciennes des gouvernants, de part et d'autre des Alpes, gouvernants soucieux avant tout de satisfaire la fraction la plus réactionnaire de l'opinion publique et de leur électorat. Cela rend son extradition d'autant plus odieuse et inacceptable.

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