Affaire du " Winner " : Drôle de trafic30/08/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/08/une1778.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Affaire du " Winner " : Drôle de trafic

Le gouvernement Raffarin avait prétendu réussir un coup d'éclat, quelques jours avant le deuxième tour des élections législatives en juin dernier, lorsqu'il avait fait arraisonner spectaculairement un bateau, le Winner, par la marine française au large des îles Canaries. Le gouvernement annonçait fièrement la saisie de deux tonnes de cocaïne, et les caméras étaient là pour filmer la scène, dont des images passaient à la télévision le soir même.

Un peu plus de deux mois après, cependant, le succès de cette opération s'avère être plutôt un fiasco - mais plus discrètement, bien entendu. En fait de deux tonnes, ce sont 80 kilos seulement qui ont été trouvés sur le Winner. De plus un marin espagnol, blessé à la jambe lors de l'assaut des militaires français, est mort depuis à l'hôpital de Dakar où il avait été transporté d'urgence, sans que l'on connaisse, au moins pour l'instant, la cause de sa mort. En tout cas, même le gouvernement espagnol ne semble pas satisfait par la tournure de l'affaire : son ministère des Affaires étrangères a estimé que " même si cet homme était impliqué dans différentes activités illégales, ce n'était pas une raison pour lui tirer dessus lors d'une opération de patrouille pour le moins curieuse ".

Et il est vrai que les militaires français n'y étaient pas allés de main morte : d'après Le Monde, un témoin qui a assisté à l'arrivée du bateau au port de Brest a remarqué que " les militaires avaient tiré sur toutes les portes et les armoires pour les ouvrir au lieu d'utiliser les poignées ". Peut-être les poignées de porte ne sont-elles pas répertoriées dans le manuel de ces commandos ?

Plusieurs plaintes ont été déposées par des marins. Il n'a pas été prouvé qu'ils étaient au courant du trafic de drogue qui se déroulait sur le bateau et leurs avocats dénoncent leur détention préventive de 13 jours.

Et pour couronner le tout, les autorités grecques, qui étaient aussi sur le coup (les armateurs du bateau sont grecs), ont regretté d'avoir coopéré avec la France. L'empressement des Français aurait pratiquement fait capoter une filature de plusieurs semaines.

Raffarin s'était félicité à l'époque de " la réussite de cette opération internationale et interministérielle ". Stupéfiant !

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