Inondations : L'Europe solidaire... mais pas trop23/08/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/08/une1777.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Inondations : L'Europe solidaire... mais pas trop

Au-delà du bilan humain, dramatique, des inondations en Europe centrale, le coût des intempéries est considérable. Les estimations vont, pour les pays touchés, de 10 à 20 milliards d'euros. Sans compter l'impact sur l'agriculture, l'industrie ou le tourisme.

Le 18 août s'est donc réuni, à Berlin, un mini sommet européen regroupant les dirigeants des pays les plus touchés par les crues (Allemagne, Autriche, Slovaquie et République tchèque) et le président de la Commission européenne, Prodi. But avoué de cette réunion : négocier avec l'Union Européenne les aides qu'elle voudrait bien accorder. Le tout sur le ton de la nécessaire " solidarité " entre pays membres, ou futurs membres, de l'Union Européenne.

Prodi a finalement promis une aide " substantielle " aux pays sinistrés. On cite la somme de cinq milliards d'euros. Une somme bien faible compte tenu des dégâts et dont, de plus, rien ne dit quand elle sera effectivement versée, et dans quelle mesure réelle elle le sera. Pour l'essentiel, les pays inondés devront se contenter d'une nouvelle répartition des aides déjà existantes. L'Allemagne, l'Autriche et la République tchèque pourraient ainsi utiliser des aides dites structurelles déjà programmées pour la période 2000-2006.

Du coup, par exemple, les régions inondées de l'ex-RDA devraient utiliser des aides prévues initialement pour leur mise au niveau de l'Allemagne de l'Ouest. La Tchéquie, quant à elle, devrait réorienter les crédits accordés pour sa préparation à l'entrée dans l'Union Européenne pour financer la réparation des dégâts causés par les inondations. Bref, l'Europe vient en aide aux sinistrés sans débourser plus que ce qui était prévu avant les inondations. Elle déshabille Paul, sans vraiment habiller Pierre.

Et encore, tous ces transferts d'aides nécessiteront l'accord de Bruxelles. Autant dire que, pour le moment, rien n'est fait. L'Europe est solidaire surtout en paroles. Sans compter que les pays concernés ne sont pas tous logés à la même enseigne. La Commission européenne envisage ainsi des mesures de soutien à l'agriculture, mais uniquement pour les pays membres de l'Union Européenne. La République tchèque et la Slovaquie, dont l'adhésion à l'Union Européenne n'est prévue qu'en 2004, n'y auront donc pas droit.

Le sommet s'est terminé sur la promesse de créer un fonds spécial européen pour les catastrophes naturelles. Un fonds existait bien, mais il a été supprimé dans les années quatre-vingt-dix. Même s'il voit le jour, il ne serait doté que de 500 millions d'euros. Tandis que ce sont des dizaines, voire des centaines de milliards d'euros que les mêmes institutions européennes déversent, sous des prétextes divers, un jour aux capitalistes du secteur énergétique, un autre à ceux des transports, du bâtiment, de la chimie, des télécommunications, de la construction automobile... La liste en serait inépuisable : mois après mois, année après année, elle s'égrène au fil de l'ordre du jour, notamment, des sessions du Parlement européen, dont l'activité principale, sinon unique, consiste à voter de telles subventions au patronat et à la bourgeoisie des pays membres de l'Union Européenne.

L'Europe centrale noyée sous les eaux, c'est une catastrophe pour les populations concernées auxquelles l'Union Européenne mégote ses aides. Il est vrai qu'elle a mieux à faire : noyer les capitalistes sous un déluge de subventions. Une catastrophe d'un autre ordre, mais permanente, pour les peuples d'Europe.

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