Des pauvres derrière des grilles, des rivières à péage. Un monde fou !23/08/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/08/une1777.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Des pauvres derrière des grilles, des rivières à péage. Un monde fou !

Nouvelle frontière ?

Depuis le 31 juillet, dans la banlieue de Douai (Nord), une grille de plus de 2 mètres de haut sépare désormais deux mondes. D'un côté, celui des locataires d'une petite cité HLM de Douai, de l'autre, celui des propriétaires de pavillons édifiés sur la commune résidentielle voisine de Cuincy. Cette grille, que certains habitants indignés du quartier appellent déjà " le rideau de fer ", oblige maintenant les piétons à faire un détour de plus d'un kilomètre pour se rendre au supermarché voisin, à l'arrêt du bus ou chez le médecin.

Le maire socialiste de Cuincy, à l'origine de cette honteuse construction, invoque les nuisances sonores, les incivilités et un trafic de drogue dont seraient victimes ses administrés. Mais cette version des faits est contestée par des habitants, vivant d'un côté comme de l'autre, qui parlent au contraire d'un quartier sans histoires, où il n'y a pas plus de problèmes qu'ailleurs. Certains ajoutent même en souriant que si les jeunes des HLM étaient aussi terribles que le prétend le maire de Cuincy, sa barrière ne leur aurait pas résisté plus d'une journée.

De toute façon, rien ne justifie une telle décision qui ne pouvait germer que dans l'esprit tordu d'un raciste anti-pauvres, incapable d'imaginer les habitants d'un quartier populaire autrement que comme une classe dangereuse.

Faire des ronds sur l'eau

L'actualité nous a livré un autre exemple de ce monde où la propriété conduit à des comportements absurdes et mesquins.

Un euro, c'est le prix qu'un agriculteur faisait payer, au moins jusqu'à la mi-août, aux kayakistes qui voulaient franchir le péage qu'il avait érigé sur le fleuve Hérault et qu'il faisait gardienner par des vigiles.

Sans complexe, il a expliqué devant les caméras de la télévision qu'étant propriétaire des berges, il n'y avait pas de raison qu'il ne profite pas, lui aussi, des retombées d'une activité très lucrative pour les loueurs de kayaks.

A ce rythme-là, on en reviendrait vite au Moyen Âge où chaque seigneur arguant de ses droits de propriété faisait payer des taxes pour franchir un pont, emprunter une rivière ou entrer dans une ville.

En attendant, le triste sire a dû enlever son barrage illégal et, qui plus est, dangereux pour ceux qui descendaient la rivière. Il se retrouve aujourd'hui accusé d'extorsion de fonds.

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