La Courneuve (Seine-Saint-Denis) : Une cité à l'abandon09/08/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/08/une1776.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La Courneuve (Seine-Saint-Denis) : Une cité à l'abandon

Mardi 29 juillet, une septuagénaire habitant la Cité des 4000 à la Courneuve est décédée d'un arrêt cardiaque survenu au cours d'une crise d'asthme. Mais elle a aussi été victime de l'abandon dans lequel le quartier est laissé, aucun secours n'ayant pu lui être porté.

En effet, comme très souvent, les deux ascenseurs de cette cage d'escalier étaient en panne, ce qui a entravé l'arrivée des secours jusqu'au 15e étage qu'habitait cette personne âgée. La veille, le fils de la victime, qui voyait s'aggraver l'état de santé de sa mère, avait pourtant réclamé à l'office HLM que les ascenseurs soient réparés d'urgence. La société chargée de l'entretien, alertée par fax, n'a effectué les travaux qu'après le décès, et de manière très insuffisante, puisqu'au retour de l'enterrement l'ascenseur était à nouveau hors service.

Les médias ont mis en cause une infirmière qu'ils accusaient à tort d'avoir renoncé à monter les 15 étages, à un moment décisif, qu'elle ne pouvait prévoir. Mais elle avait fait une visite la veille et avait prévu de repasser plus tard le jour même. L'office HLM, quant à lui, rejette la faute sur des actes de vandalisme, qui en effet sont parfois la cause immédiate des pannes d'ascenseurs. Mais cette explication ne satisfait ni les habitants du quartier ni la famille de la victime, qui a porté plainte contre la société d'entretien des ascenseurs pour " non assistance à personne en danger ".

En fait, la responsabilité se trouve au niveau de l'incurie de la politique globale du logement en France. L'office HLM et la municipalité de la Courneuve, parmi les plus populaires de la région, sont, depuis fort longtemps, bien en peine de pourvoir seules à un entretien correct et extrêmement coûteux de l'énorme Cité des 4000, faute de moyens. Face à la montée du chômage et de la misère, les pouvoirs publics ont laissé cette cité comme tant d'autres se dégrader progressivement, pour devenir un ghetto de pauvreté. Le nombre important de loyers impayés par des familles sans ressources a réduit d'autant les rentrées qui permettraient de faire face aux dépenses d'entretien, notamment celui des ascenseurs. Aujourd'hui ces bâtiments devenus insalubres sont voués à la destruction, pour 2004 en ce qui concerne l'immeuble de la victime. Des familles quittent des appartements délabrés où viennent s'installer des squatters. Mais rien n'a été prévu pour faire l'entretien minimum des bâtiments tant qu'ils sont habités. Alors qu'il serait urgent de mettre les moyens nécessaires pour reloger correctement les familles vivant dans les " barres " d'immeubles promises à une destruction rapide, on leur propose des solutions qu'elles n'acceptent pas, parce que trop souvent les nouveaux logements ne sont pas en bon état.

Pour régler le problème, il faudrait mettre des moyens financiers conséquents. La vitesse à laquelle se construisent des immeubles neufs, destinés à des sièges sociaux, des bureaux, des appartements " rentables ", est là pour prouver que résoudre les problème des " 4000 " de la Courneuve est possible. C'est en tout cas la seule façon d'éviter des drames du type de celui qui vient d'arriver.

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