Territoires occupés : Une situation économique catastrophique02/08/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/08/une1775.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Territoires occupés : Une situation économique catastrophique

La politique de répression de plus en plus brutale de l'armée israélienne a gravement détérioré la situation des Palestiniens des Territoires occupés au cours de l'année écoulée. La consommation des produits alimentaires a baissé de 20 %, les revenus d'un tiers, tandis que le chômage touche maintenant plus de la moitié de la population des Territoires. À l'heure actuelle, deux tiers des Palestiniens doivent survivre avec moins de 2,5 dollars par jour.

Une situation à laquelle les accords d'Oslo n'ont rien changé

Dès les accords d'Oslo intervenus en mars 1993 entre l'OLP et le gouvernement israélien sous l'égide des États-Unis, malgré les promesses d'aides massives de la communauté internationale, le sort réservé aux nouveaux territoires autonomes sous autorité palestinienne n'offrait aucune possibilité de développement économique. Comment pouvait-on réellement croire à la viabilité de territoires sans richesses naturelles, coupés en deux parties distantes (bande de Gaza et Cisjordanie), chacune atomisée par la présence de multiples colonies israéliennes accaparant les meilleures terres agricoles, le monopole sur l'eau et des routes réservées ? Ces territoires, en grande partie surpeuplés, n'avaient de plus jamais bénéficié, depuis leur annexion par Israël en 1967, des investissements minimum. Ils étaient considérés comme des réservoirs de main-d'oeuvre à bas coût et corvéable à merci, les Palestiniens devant se rendre quotidiennement en Israël avec une autorisation de travail. Enfin, si ces accords satisfaisaient sur le plan politique chacun des protagonistes au moins temporairement (l'OLP d'Arafat se retrouvant à la tête d'un embryon d'État et Israël lui cédant le lourd casse-tête du maintien de l'ordre dans les Territoires), le gouvernement israélien gardait le contrôle de l'économie palestinienne.

Avec la deuxième Intifada, à nouveau le bouclage des Territoires

Les années qui suivirent ne virent pas les investissements espérés se réaliser. Et tandis que le nombre de colons israéliens augmentait rapidement, les permis de travail pour les Palestiniens se réduisaient.

La nouvelle Intifada a éclaté en septembre 2001 et la politique de répression massive du gouvernement Sharon a rendu depuis la situation de plus en plus impossible. Les blocus multiples des Territoires par l'armée ont abouti à la fermeture répétée des check-points. Même lorsqu'ils sont ouverts, les travailleurs palestiniens ne peuvent plus se rendre à leur travail, ou bien avec des heures de retard. Les queues au point de passage d'Erez commencent dès 3 heures du matin, le contrôle des soldats se fait toujours plus tatillon. Les quelques ateliers installés dans les Territoires en sont réduits à jongler avec les rares approvisionnements et les stocks impossibles à déplacer.

La multiplication des barrages sur les routes, voire leur obstruction pure et simple, transforme tout déplacement en épreuve. Il faut en effet changer plusieurs fois de taxi pour franchir les monticules de terre lestés de blocs de béton que l'armée israélienne met en place à l'entrée des villes.

Un été sous la terreur, y compris économique

La réoccupation des principales villes de Cisjordanie depuis le mois de juin, le couvre-feu instauré et les destructions massives de l'armée israélienne lors de ses opérations successives, ont ruiné les villes palestiniennes. Aux destructions des infrastructures (port de Gaza, aéroport de Jéricho) se sont ajoutées la perforation systématique des routes et des canalisations, la destruction des réseaux téléphoniques et électriques. Chaque quartier, chaque village en est réduit à la survie quasi individuelle. En Cisjordanie, les familles se lancent dans la petite agriculture vivrière, quand cela leur est encore possible car l'armée israélienne détruit maisons et plantations à proximité des routes, sous prétexte d'assurer sa protection et celle des colons israéliens. Dans certains villages, la population n'a même plus accès à l'eau potable qu'elle payait auparavant et qui arrivait par camion-citerne. Le creusement d'un puits est soumis au double accord de l'administration israélienne et du chef de la colonie la plus proche. Les habitants doivent souvent se contenter de leurs réserves d'eau de pluie.

Le niveau de vie a été ramené 35 ans en arrière, à l'époque des débuts de l'occupation israélienne. Le gouvernement Sharon a déclaré ces derniers jours vouloir améliorer la vie des Palestiniens qui ne combattent pas Israël. Et pour preuve, il a accepté de débloquer 14 millions de dollars et envisage de débloquer ultérieurement deux autres tranches de 14 millions, sur les 430 que doit Israël à l'Autorité palestinienne sur les taxes prélevées aux frontières. Une mesure dérisoire visant à répondre aux protestations, venues y compris de la population israélienne, après le bombardement d'un quartier populaire de Gaza dans la nuit du 22 au 23 juillet, qui visait un responsable du Hamas et a provoqué la mort de 17 personnes, dont 11 enfants.

Une infime goutte d'eau dans cet océan de misère que sont aujourd'hui les Territoires occupés, qui nourrit le courant des jeunes desperados palestiniens, prêts à se transformer en kamikazes, et qui rend impossible la vie des Israéliens eux-mêmes.

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