Contrats-jeunes : Encore et toujours des cadeaux au patronat02/08/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/08/une1775.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Politiciens

Contrats-jeunes : Encore et toujours des cadeaux au patronat

Les gouvernements passent, et la même politique continue. Le projet de « contrats-jeunes », présenté cette semaine au Parlement par le ministre des Affaires sociales Fillon, va consister en un nouveau train de cadeaux au patronat.

Il est proposé aux entreprises d'embaucher en CDI des jeunes de 16 à 22 ans, sans qualification (c'est-à-dire ayant un niveau de diplôme inférieur ou égal au baccalauréat). En échange de quoi les entreprises se verront totalement exonérées de charges sociales pendant deux ans, puis exonérées à 50 % la troisième année.

L'objectif officiel de ce projet de loi est de « donner une chance » aux quelque 80 000 jeunes qui arrivent chaque année sur le marché du travail sans diplôme. Mais derrière ce but en apparence honorable, il y a la volonté beaucoup plus prosaïque de répondre aux desiderata du patronat, qui ne cesse de se plaindre du coût du travail et de réclamer, la larme à l'oeil, de nouvelles baisses de charges. D'ailleurs, les organisations patronales ne s'y sont pas trompées puisqu'elles ont toutes salué avec un bel enthousiasme le projet de loi Fillon. Ainsi le syndicat patronal des métiers de l'hôtellerie et de la restauration s'est-il déclaré « séduit et enthousiaste ».

Le contraire serait étonnant : car dans certains cas, non seulement les patrons vont voir leur charges sociales réduites à zéro, mais ils vont même... gagner directement de l'argent. En effet le gouvernement va allouer une somme forfaitaire de 675 euros (4428 F) à l'employeur pour chaque jeune embauché ; mais, par le jeu des précédents allégements successivement accordés par les gouvernements Juppé et Jospin, cette somme se trouvera parfois être supérieure à ce que l'employeur paie réellement en charges sociales ! Le bénéfice net atteindra jusqu'à 45 euros par salarié.

Certains patrons sans vergogne ne se privent pourtant pas de renâcler encore et trouvent la loi trop contraignante. Elle oblige en effet à embaucher des travailleurs en CDI, et interdit aux entreprises ayant licencié depuis moins de six mois de bénéficier du dispositif.

Mais tout vient à point à qui sait attendre, et les licencieurs comme Valeo, Danone et autres Whirlpool, après avoir attendu quelques mois, pourront donc eux aussi bénéficier des largesses du gouvernement.

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