Air France : L'envol des privatisations du gouvernement Raffarin02/08/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/08/une1775.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Privatisation

Air France : L'envol des privatisations du gouvernement Raffarin

L'annonce de la privatisation d'Air France dans un avenir relativement proche s'inscrit dans la série de « signes forts » que le gouvernement Raffarin adresse aux milieux d'affaires. Il est prévu que la part de l'État, qui est de 54,4 % actuellement, passe à moins de 20 % dans quelques mois. Cette décision, annoncée par Chirac lors de sa campagne électorale, n'est pas la seule du genre, puisqu'il est prévu que l'État cède tout ou partie des participations qu'il détient dans treize autres grandes entreprises, parmi lesquelles EDF-GDF, le Crédit Lyonnais, la SNECMA et quelques autres.

Certes il faudra attendre pour que cette décision prenne effet. Tout d'abord, que soient adoptées, par l'Assemblée nationale, des mesures d'adaptation du statut de l'entreprise rendant légale cette opération. Mais surtout, que les conditions du marché boursier deviennent plus favorables qu'elles ne le sont actuellement.

On verra quelle attitude prendront, à l'Assemblée, les représentants du PS, du PCF et des Verts face à cette décision. Mais ils sont dans une position inconfortable pour s'y opposer, ou même pour la contester, eux qui ont été les premiers, en 1999, sous l'égide de Jospin et de son ministre des Transports Gayssot, à décider « d'ouvrir le capital » d'Air France (c'était la formule que, pudiquement, ils utilisaient pour éviter de prononcer le mot privatisation) ; eux qui faisaient partie d'un gouvernement qui avait encore plus privatisé que les deux gouvernements de droite qui l'avaient précédé, celui de Balladur puis celui de Juppé, ouvrant la brèche à l'équipe Raffarin et Mer.

Ces derniers, pour justifier leur décision, nous ressortent les arguments habituels. Il s'agirait, disent-ils, en alignant le statut d'Air France sur celui du reste du secteur aérien, d'améliorer sa position face à cette concurrence. On a pu constater ce que pouvait valoir un tel argument lors de la faillite d'AOM-Air Liberté, pour ne prendre qu'un exemple qui a récemment défrayé la chronique, en France. Il a suffi qu'un capitaliste, en l'occurrence le baron Seillière, retire sa mise, pour que la compagnie disparaisse et qu'environ 2 000 salariés perdent leur emploi.

L'actuel PDG d'Air France, Spinetta, se réjouit du projet du gouvernement : la privatisation, dit-il, « va nous permettre d'accélérer la modernisation de la flotte ». Voire ! Car privatisation ne rime pas forcement avec amélioration du confort et de la sécurité des usagers. Il n'est qu'à voir les conséquences parfois tragiques de la privatisation des chemins de fer britanniques. Autre facteur de détérioration du service : l'insécurité pour l'emploi qu'une telle mesure annonce. Car la seule sécurité dont les capitalistes se préoccupent est celle de leurs capitaux, de leur rentabilité maximum. Cela signifie plus de rotation des appareils, avec moins de personnel, donc moins de contrôle du matériel, moins de services rendus. Ce qui n'est pas rassurant.

Certes Air France n'avait pas attendu ce nouveau coup de pouce vers la privatisation pour s'engager dans cette voie, pour réduire les effectifs, pour peser sur les salaires des nouveaux embauchés de l'entreprise, pour agir sur les conditions de travail, pour privilégier les dessertes rentables au détriment de celles qui ne l'étaient pas. Mais on peut être sûr qu'avec la privatisation d'Air France, cette situation n'ira pas en s'améliorant.

Et à ce festival d'hypocrisies débitées par les ministres en place, ajoutons-en une : la recette attendue par la vente de nouvelles actions d'Air France permettrait d'alimenter des fonds destinés aux retraites. Oser prétendre cela, c'est à la limite de la provocation, quand on sait que ce gouvernement a promis de s'attaquer au plus tôt au dossier des retraites. Ce qui signifie qu'il va s'en prendre aux retraites des salariés, déjà amputées par ses prédécesseurs.

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