L'impérialisme français attend pour soutenir le vainqueur28/06/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/06/une1770.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

L'impérialisme français attend pour soutenir le vainqueur

L'impérialisme français évite toujours de trancher entre Ravalomanana et Ratsiraka et s'aligne sur les positions de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), à moins que ce ne soit l'OUA qui s'aligne sur celles de la France ; la préférence semblant tout de même aller à Ratsiraka souvent présenté comme un ami personnel de Chirac. En France d'ailleurs, on parle de Ravalomanana en lui adjoignant le qualificatif d'" autoproclamé " comme si les autres dictateurs africains issus pour la plupart de coups d'Etats ou d'élections truquées n'étaient pas " autoproclamés ", voire imposés par l'ancienne puissance tutélaire, en l'occurrence la France.

Pour l'heure, Ratsiraka a l'avantage de l'ancienneté et a déjà donné de nombreux gages de bonne volonté. Il a su montrer ses capacités à exercer la dictature contre les masses pauvres, à faire taire toute opposition et le cas échéant à faire tirer sur la foule comme au début des années 1990. Autant de " faits " qui représentent des " qualités " aux yeux de l'ancienne puissance coloniale.

Toutefois, si le rapport de force sur le terrain évolue nettement en faveur de Ravalomanana, les futures relations avec la France seront du même ordre que celles qu'elle entretient aujourd'hui avec Ratsiraka. Avant même son élection, Ravalomanana était venu à Paris rencontrer les représentants du Medef qui avaient paraît-il manifesté un intérêt certain pour sa politique d'industrialisation et promis d'investir à Madagascar.

Par contre, d'autres grands patrons, en particulier le groupe réunionnais Bourbon appartenant à de Chateauvieux, ne cachaient pas leur préférence pour Ratsiraka. Ce groupe a la haute main ou de forts intérêts à Madagascar dans la pêche, l'urbanisme, l'hôtellerie et surtout l'agroalimentaire et la grande distribution avec ses magasins Cora et Score.

L'un des proches de Ravalomanana, s'élevant contre la politique supposée être celle de la France, s'était écrié : " Si l'Elysée de Jacques Chirac... continue de mener une politique aveugle, irréaliste et anarchique et préférer miser sur de Chateauvieux, au lieu d'ouvrir une nouvelle ère avec le Medef à Madagascar ; et si la France et l'Elysée continuent de jouer sur la pourriture avec Ratsiraka et ses acolytes au lieu de miser sur la compétitivité et la compétence de Ravalomanana et le peuple malgache, c'est pour la France la manière la plus sûre de perdre pied dans la Grande Île. "

Derrière ce petit chantage, il y avait un appel du pied à la reconnaissance de l'impérialisme français que celui-ci aura tôt fait d'accorder dès qu'il le jugera utile pour ceux dont il défend les intérêts.

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