Halte aux attaques contre les travailleurs28/06/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/06/une1770.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Halte aux attaques contre les travailleurs

Finalement, les syndicats ont été reçus par le ministre du Travail, histoire de montrer que le nouveau gouvernement est pour " le dialogue social ". Mais Raffarin a annoncé par avance que les smicards n'auront que les 2,4 % d'augmentation légale correspondant à l'inflation officielle.

Les deux millions sept cent mille smicards devront donc se contenter de ce qu'ils ont. Comme devront s'en contenter tous ceux - et ils sont plus nombreux encore - qui n'ont qu'un emploi précaire ou à temps partiel non choisi et qui, tout en étant payés sur la base du Smic, sont contraints de vivre avec une somme inférieure aux 897 euros (5877 F) du Smic mensuel net.

Quant aux chômeurs, ils n'ont droit qu'à une revalorisation de 1,5 % de l'allocation chômage. Par contre, la cotisation à l'assurance chômage, elle, va augmenter (comme le prix de la carte Orange pour les travailleurs de la région parisienne). L'allongement du délai de carence de 7 à 8 jours est le détail qui en dit long sur le mépris qu'ont tous ces gens pour le monde du travail. Voler une journée d'indemnisation de plus à ceux qui viennent d'être licenciés, il fallait le faire !

Et tout cela sous prétexte que la caisse d'assurance chômage vire au déficit. Mais pourquoi donc ce déficit, si ce n'est parce que la multiplication des plans de licenciements dans les grandes entreprises augmente le nombre de chômeurs ?

Le patronat et le gouvernement s'apprêtent à porter d'autres coups aux travailleurs, à commencer par les retraites.

Le gouvernement Raffarin ne cache pas son jeu : s'il entend favoriser les classes moyennes et les riches, comme il l'a montré en annonçant la baisse de l'impôt sur le revenu ou en cédant aux revendications des médecins, il gouvernera en revanche contre la majorité laborieuse de la population.

Mais il y a quand même de quoi être écoeuré par les protestations venant du côté des ex-ministres socialistes. Le refus de donner même un dérisoire coup de pouce au Smic, c'est le gouvernement Raffarin en 2002, mais c'est aussi le gouvernement Jospin en 1999 et en 2000. Et il a bonne mine, Laurent Fabius, de souligner que la baisse de l'impôt sur le revenu ne profite pas à la moitié la plus pauvre des contribuables ! Il avait fait la même chose en tant que ministre de l'Economie !

Même portée par la vague du plébiscite de Chirac, acquis grâce à la capitulation de la gauche, la droite aurait cependant tort de penser qu'elle a les mains libres contre les travailleurs.

A peine six mois après la première élection de Chirac à la présidence, le gouvernement Juppé, qui se croyait en situation d'imposer l'allongement de la durée de cotisation retraite aux travailleurs du public, avait été obligé de reculer devant la détermination des cheminots.

Eh bien ce qui a été possible en 1995 demeure possible - et nécessaire. Mais il faut une lutte de l'ensemble du monde du travail pour écarter les menaces sur les retraites, pour obtenir une augmentation générale des salaires et pour s'opposer aux plans de licenciements.

Une riposte générale ne s'improvise pas. Il faudrait un plan de mobilisation des travailleurs, avec des actions, des grèves, des manifestations, dont chacune prépare l'action suivante.

Les dirigeants syndicaux, même les plus dociles, ont mal pris la provocation de Raffarin d'annoncer son refus d'un coup de pouce au Smic en sortant d'une rencontre avec le Medef.

Mais ce n'est pas des prérogatives des syndicats à négocier qu'il s'agit. Dans les conditions présentes, la seule " négociation " à laquelle consent le patronat consiste à accepter la signature des chefs syndicaux au bas de décisions prises par les patrons ou dans leur intérêt, comme l'a montré l'accord sur l'allocation chômage.

Ce dont il s'agit, c'est des intérêts fondamentaux des travailleurs à avoir un emploi, un salaire et une retraite qui permettent de vivre. Imposer cela ne sortira pas d'une négociation aimable. Cela exige un rapport de forces favorable aux travailleurs face au patronat. Les travailleurs ont les moyens de le créer.

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