Médecins : La consultation à vingt euros : qui va payer ?14/06/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/06/une1768.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Médecins : La consultation à vingt euros : qui va payer ?

Les médecins généralistes ont obtenu qu'au 1er juillet la consultation passe à 20 euros (131 F) et la visite à domicile à 23, 5 euros sauf pour certains cas où elle atteindra 30 euros (197 F). A partir du 1er octobre toutes les visites seront tarifées 30 euros. Les médecins ne constituent pas la catégorie sociale la plus mal lotie, mais il n'est pas choquant de voir leurs services mieux rétribués. Seulement, la question est de savoir qui paiera la note ?

Au travers des déclarations du nouveau ministre de la Santé, Mattei, les projets gouvernementaux se dessinent. Il devient de plus en plus probable que l'on prenne dans la poche des assurés. Déjà le ministre nous refait le coup classique du " trou de la Sécu " afin de préparer l'opinion à cette hausse des cotisations salariales. Mattei a ainsi répondu sur France Info : " Je suis fondé à me poser la question ,(...) j'ai trouvé, et ce n'est pas moi en trois semaines qui ai creusé ce déficit, des engagements non financés assez nombreux ". Et il n'est pas impossible que les cotisations aux mutuelles suivent le même mouvement. C'est ce que laissent entendre les dirigeants de celles-ci.

Le gouvernement de droite actuel - comme son prédécesseur de gauche - reprend les mêmes allégations contre les malades présentés comme trop dépensiers et qui, du coup, devront être pénalisés financièrement. Ainsi, à partir du 1er octobre, certaines visites à domicile ne seront remboursées que sur la base de 20 euros. Alors qu'aujourd'hui près d'un rendez-vous sur quatre a lieu au domicile du malade, l'objectif déclaré est d'en réduire le nombre jugé trop important.

L'autre volet de cet accord concerne les médicaments. La Caisse d'assurance maladie a demandé que les médecins s'engagent à de " bonnes pratiques " qui doivent consister, entre autres, à " prescrire massivement les médicaments en molécules ou en génériques " pour faire des économies sur les remboursements afin, prétendent les autorités, de compenser le coût, pour la Sécu, du relèvement du tarif des consultations médicales. On veut nous convaincre que cela ne changera rien pour les malades. Sauf que ces médicaments " génériques " concernent seulement des produits anciens, qui ne sont plus couverts par un brevet. Et encore, seule une partie de ces médicaments anciens sont dans ce cas. Les nouveaux médicaments, ceux qui améliorent le traitement des maladies, n'ont pas, eux, de génériques ! Leur prix est fixé par le gouvernement qui accepte qu'ils soient chers pour répondre à la demande des laboratoires pharmaceutiques. Et ces groupes pharmaceutiques richissimes, déjà copieusement servis, en demandent encore plus. Le syndicat de l'industrie pharmaceutique a d'ailleurs immédiatement déclaré que " le développement du générique doit s'accompagner du financement des médicaments innovants ".

Il est donc probable que cette incitation au développement de la prescription de médicaments génériques ne réussisse pas à compenser le milliard d'euros que coûtera à la Sécu l'augmentation des honoraires médicaux, et du coup, que l'on utilise une formule classique, générique pourrait-on dire, pour s'en prendre aux salariés. Mais s'en prendre aux grosses sociétés, et en particulier aux profits des trusts pharmaceutiques, pas question. Ces messieurs n'y ont même pas songé. C'est trop sacré !

Partager