Air France Industries Orly-Nord (Val-de-Marne) : Les salariés en sous-traitance font reculer leurs directions14/06/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/06/une1768.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Air France Industries Orly-Nord (Val-de-Marne) : Les salariés en sous-traitance font reculer leurs directions

À Orly-Nord, cela fait maintenant des années qu'Air France Industries sous-traite ses activités de manutention, de transport et de nettoyage. De nombreuses entreprises se partagent ces marchés en pratiquant des salaires plus bas et des conditions de travail plus difficiles qu'à Air France, au plus grand profit de celle-ci.

Dans le secteur de la GV (la " Grande Visite ", c'est-à-dire le grand entretien des B 747 et des Airbus), chacun des quatre hangars a sa propre société de sous-traitance en manutention, à quoi il faut en ajouter deux autres pour le nettoyage. Ces entreprises sont régies par quatre conventions collectives différentes (automobile, métallurgie, nettoyage et manutention aéroportuaire, selon la dominante d'activité déclarée par la société-mère) avec des écarts entre elles en matière de salaires qui peuvent atteindre jusqu'à 30 % sur le revenu annuel.

Considérant sans doute que le système actuel n'était pas encore assez souple à son goût, le commandement (direction) de la GV a décidé de regrouper ces activités et d'attribuer toute la manutention et le nettoyage à deux entreprises seulement, la plus grosse partie allant à Renosol, une filiale à 100 % de Vivendi.

À chaque modification de contrat ou lors de chaque changement de société attributaire, les patrons essayent de baisser les salaires, en appliquant les conventions collectives les plus défavorables, ainsi que de remettre en cause les quelques acquis sociaux et de diminuer les effectifs. Cela, de nombreux salariés de sous-traitants (dont certains travaillent à Orly-Nord pour Air France depuis des années) l'ont déjà vécu par le passé, au fil de changements d'employeur et de convention collective, pour toujours le même emploi. Aussi, cette fois, ils n'ont pas attendu que ce mécanisme se remette en marche pour se réunir tous ensemble, toutes entreprises confondues (SODAIC, AERTEC, SN/LPA et GSF), avec l'aide de militants CGT d'Air France Industries, et pour débrayer jeudi 30 mai.

Au cours de ce débrayage massif, ils ont interpellé le patron de la GV ainsi que leurs patrons respectifs pour leur rappeler qu'ils voulaient la convention collective la plus favorable et, pour tout le monde, le maintien de tous les acquis, sans qu'il soit question d'accepter la moindre perte d'emplois en CDI ou en CDD.

C'était la première fois à Orly-Nord que des salariés de différents sous-traitants s'unissaient pour protester ensemble. Et cela a commencé à payer car leurs patrons ont dû renoncer sur le champ à un licenciement déjà engagé et renouveler trois CDD en fin de contrat auxquels ils voulaient mettre un terme.

La mobilisation restant forte, ces travailleurs se sont adressés par tract à tous les autres salariés d'Orly-Nord pour leur rappeler qu'Air France est à l'origine de ces marchandages sur le dos des travailleurs et que, dans le cadre d'une complète privatisation de la compagnie que mijote le gouvernement et que la presse a déjà annoncée, la direction n'hésiterait pas à appliquer les mêmes méthodes aux travailleurs qui disposent (encore) du statut Air France.

L'accueil fait à ce tract et à sa quarantaine de diffuseurs a été très bon et ne peut qu'encourager à continuer notre mouvement de protestation.

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